Avec Ravage, Jean-David Morvan adapte le roman éponyme de Barjavel, romancier français de grand talent. La transposition en BD de ce roman de 1943 pose la question de la place de la technologie dans l’histoire humaine via une fiction agréable mais un peu longue à se mettre en place.
Au XXIIe siècle, la technologie n’est plus qu’un souvenir. Quelque part sur les terres de France, deux armées s’affrontent. L’une d’elle a pour chef un vieil homme charismatique de 129 ans. Doué d’une rapidité et d’une volonté hors du commun, il s’élance seul à l’attaque de l’ennemi retranché derrière les murailles du village. Le Patriarche, comme on le nomme, transperce les lignes adverses...
Cette adaptation moderne du récit d’anticipation de Barjavel commence par ce qui composait la fin du roman. Après cette mise en place attractive, elle revient en 2052, soit cent ans avant la catastrophe qui marque la fin de la technologie. On retrouve le Patriarche jeune, entouré de machines. Sur un tempo très doux, on suit son quotidien où la robotique domine les transports comme la communication dans un futur pas si éloigné du nôtre. Si le parallèle avec nos sociétés hyper connectées et ultra-dépendantes de l’électricité est criant, la mise en place de l’intrigue s’avère paradoxalement un peu longue...
Heureusement le dessin frappe dès les premières pages par son dynamisme et la violence non édulcorée des scènes de bataille. Rey Macutay a fait un superbe travail sur les tenues des deux armées si disparates qu’elles en disent long sur l’état de la société. La société pré-catastrophe, elle, a le droit à un dessin plus doux à la fois dans les traits et les couleurs. Dans cette partie du récit, la mise en scène du Paris futuriste s’impose rapidement comme le principal fait d’arme.
Ce premier tome de Ravage semble une mise en place doucereuse des guerres à venir.