Raven - T2 : Les contrées infernales

Maintenant que Raven est le seul à connaître l’emplacement exact du trésor perdu de Chichén Itzá, l’impitoyable Lady Darksee se voit forcée de s’associer à son rival. Et elle n’a pas le choix : l’Île de Morne au Diable regorge de dangers bien plus terribles que ce que le plus aguerri des pirates peut imaginer.

Il est toujours difficile de résister aux récits de piraterie… et ce n’est pas Mathieu Lauffray qui vous dira le contraire. Le dessinateur de Prophet n’en est pas à son premier coup d’essai sur le genre grâce à Long John Silver (son ami Xavier Dorison au scénario). Mais sur Raven, il est parti seul à l’aventure. Et le constat est sans appel : Mathieu Lauffray est un formidable dessinateur mais un scénariste avec une très grande marge d’amélioration. Librement adapté d’une nouvelle de Robert E.Howard, Black Vulmea’s Vengeance, la dernière série de Lauffray est une aventure en demi-teinte.

Soyons clair : le dessin est absolument MAGNIFIQUE. Pas un seul cadrage n’est râté. Les couleurs sont somptueuses et homogènes entre chaque planche. Les paysages sont vertigineux et fascinants. Les personnages sont expressifs et rivalisent de cachet en termes de look. Les jeux de lumière et contre-jour sont maîtrisés. La mise en scène sait se montrer dramatique ou économe quand il le faut. Même la mise en page parvient à nous inviter à l’aventure. Notamment la double page 24-25 sur le pont : c’est visuellement sublime.

Raven T.2 - Les Contrées infernales
© Dargaud, 2022

Malheureusement, le texte est beaucoup trop faible. Si un bon dessin vaut mille mots, pourquoi les gâcher pour décrire ce qui est déjà illustré ? Quand des personnages s’engagent sur un pont de bois suspendu en pleine jungle, pas besoin que l’un d’entre eux se demande si ça grince : on sait bien que ça grince (on a vu cent fois ce genre de scènes). Quand un lac libère des panaches de fumée avec un squelette sur son rebord, pas besoin de sept cases de dialogues pour nous expliquer que ça brûle et qu’il ne faudrait pas en boire l’eau ! Les dialogues sont si infantilisants qu’on se demande à quoi servent les dessins (qui sont irréprochables).

C’en est rageant car l’histoire, bien que classique dans le genre (avec son lot de trahison et de manipulation), est entraînante. L’île est inquiétante. Les personnages principaux sont loin d’être creux : on a envie de les découvrir, de partir dans cette aventure avec eux !

Bref, si Mathieu Lauffray prouve avec ce deuxième tome de Raven ses grands talents graphiques, il n’en est rien sur son écriture : il demeure encore une forte marge de progression sur ce plan. Espérons que le troisième tome de la série corrige ce défaut.