Rédemption - T1 : Dévotion

Quelle que soit l'époque, la roue peut toujours finir par tourner. Adhémar de Montfort, vétéran des croisades en pénitence, est sollicité pour sauver un village aux mains d'un moine sanguinaire. Le croisé reprend l'épée. Et fait naître l'aube d'une réussite scénaristique et graphique. Une petite histoire qui nourrit la grande.

1190, comté du Rouergue. Adhémar de Montfort vit retiré dans la misère. Il rejette ces années de sacrifice où il a fait couler le sang d'innocents. A la botte du roi, au nom de Dieu. Un paysan lui demande de sauver son village en péril : Bernard le pèlerin, moine sanguinaire au service du pape, sème la terreur pour créer une armée de croisés qui libérera le tombeau du Christ à Jérusalem.

L'histoire comme camp de base, une pointe de mysticisme, une violence écrasante et ce qu'il faut d'érotisme donnent vitalité à ce récit. La période, restituée dans un décor bordé, entraîne des questions aussi essentielles que : comment un homme peut surmonter son passé, mettre à mort ses vieux démons pour se racheter et se reconstruire ? Jusqu'où l'être humain est-il prêt à aller pour sa foi, sa religion, ses croyances ?

La barbarie, l'introspection du personnage principal pour dénouer ses cas de conscience... Tout est entraîné par un graphisme sombre et épais. Marron, gris, jaune et noir éclatent dans une palette de nuances et façonnent cette rédemption. La série s'ouvre en contraste : lettrage classique, trait épais d'humanité et de cruauté et beau boulot sur la symbolique de la période.

Rédemption allie l'art de revisiter la grande Histoire sous l'angle de la petite et la manière d'incarner la réalité des faits dans les forces et les faiblesses de l'Homme. Qui d'un coup prend vie, sort de la case et nous entraîne dans ses questionnements, ses remords et ses attentes. Impossible d'attendre 824 ans pour savourer la fin.