Requiem, réincarnation de Thurim, s’apprête à embrasser sa destinée en affrontant Dracula. Mais avant, il convient de mettre fin au dernier tiraillement moral que lui remémore Rebecca, cet amour défunt et interdit. Requiem doit pour cela affronter son ami Otto une bonne fois pour toute.
Débutée en 2000, Requiem Chevalier Vampire est devenue, tome après tome, l’un des délires graphiques les plus phénoménaux du Neuvième Art. Le pitch ? Une plongée infernale en compagnie de Einrich, un officier nazi condamné (logiquement) à la dimension la moins enviable qui soit : l’enfer. Réincarné en chevalier vampire sous le nom de Requiem, il se retrouve embarqué dans un gloubi-boulga d’intrigues aussi méphitiques que politiques.
Jugement avant-dernier
Douze années se sont écoulées depuis la sortie du tome 11. Il est réjouissant de voir ce 12e tome amorcer la conclusion d’une série que l’on n’attendait plus. En effet, dans cette Chute de Dracula, les règlements de compte sont au menu et on sent que les auteurs s’y sont fait plaisir. Le climax principal de l’album se déroulant pendant un banquet démoniaque savoureusement gratiné (Baba Yaga, Robespierre, Raspoutine et l’empoisonneuse Françoise Filastre sont de la fête), Pat Mills et Olivier Ledroit y ont vu le meilleur moment pour s’exprimer sur des sujets de société.
![Requiem T.12 Requiem, T. 12](https://cdn.zoolemag.com/red/alb/313907/MCE/665285-1.png)
Requiem, T. 12 © Glénat
La science et les nouvelles technologies, par exemple, se prennent une petite mandale bien placée (même en enfer, les NFTS et la cryptomonnaie ne sont pas en odeur de sainteté). Savoureux, libérateur et sans une once de sobriété, ce tome 12 tranche dans le vif du sujet avec un graphisme qui se passe de commentaires.
Si le diable se trouve dans les détails, force est de constater que Ledroit a respecté cet adage à la lettre. Chaque page mériterait 10 minutes d’attention minutieuse pour décortiquer les petits éléments qui foisonnent dans l’arrière-plan de chaque peinture. Olivier Ledroit est un dessinateur extraordinaire, digne de siéger à la table de Moebius, Philippe Druillet et Enki Bilal. Si ce douzième tome de la série est un cadeau qui s’est fait attendre trop longtemps, il est à noter qu’il s’agit du tome le plus long de la série à ce jour, donc savourons !
En tant que lecteur, nous n’avons plus qu’à espérer que le 13e et dernier tome ne sorte pas dans treize ans…