Une BD d’aventure tout public intelligente, plaisante, rythmée et dessinée avec grand talent. Cette histoire sur fond de Révolution française est un ticket gagnant du duo Hautière/Fourquemin : nous y mettrions notre tête à couper !
Voilà une série d’aventures que l’on pourrait qualifier de futur classique, en espérant qu’elle trouve rapidement son public. Elle a de nombreux atouts. À Nantes sous la Révolution, Célénie, une jeune orpheline de noble extraction se voit traquée par le Marquis de Valoire, un oncle malveillant qui veut sa mort pour mettre la main sur son héritage. Elle est heureusement secourue par une bande de gamins des rues qui vont l’adopter et tenter de l’aider. Mais le danger ne vient pas que de l’oncle : Mange-doigts règne sur les mendiants et voleurs des bas-fonds de la ville, et comme son nom l’indique, ce n’est pas un tendre !
Révolutionnaires ! Tome 2 - Le Grand Désordre de l'an 1 © Le Lombard, 2023
Après un très bon tome 1, le second épisode n’est pas en reste. Régis Hautière a bien planté le décor de son histoire dans une période complexe qui donne à la BD un cachet particulier. De plus, les rebondissements se multiplient tout en laissant aux personnages le temps de vivre et d’être attachants. Amitié, coups bas, action, le scénariste déploie son savoir-faire, permettant aussi bien au jeune lecteur (à partir de 9-10 ans) qu’à l’adulte d’apprécier la série. En fin d’album, un dossier de 8 pages joliment illustré permet d’aller plus loin sur l’aspect historique.
Le dessin de Xavier Fourquemin est un vrai régal : il a un style bien à lui, clairement reconnaissable et il excelle à dessiner les bas-fonds, les vieilles ruelles de Nantes, les maisons sorties tout droit du Moyen Âge. Les trognes de ses personnages sont à l’avenant, surgis pour beaucoup de la cour des miracles, dirait-on. Malgré tout, le geste est beau, l’encrage est élégant, la composition très équilibrée. Et ses jeunes héros ont heureusement la fraîcheur de l’enfance. Chaque page est un plaisir pour les yeux, invitant à la relecture.
La fin de l’album appellera la lecture du suivant, mais il ne s’agit pas d’une fin frustrante, car nous avons eu notre lot de péripéties dans Le Grand Désordre de l’An I !