Fin de partie pour Rosko. Il pensait éviter le drame et les caméras en laissant la traque de Per Svenson, le serial killer illuminé, à d’autres. Le deuxième tome de ce polar noir s'ancre définitivement dans un futur où argent et divertissement se repaissent du malheur et du temps de cerveau disponible.
L’évasion de Per Svenson, qui devait se solder par sa mort, a dépassé ses investigateurs. Le tueur est introuvable, les audiences baissent et la jeune Epiphanie Kendricks devient l’appât idéal. Pendant ce temps Rosko n’aspire qu’à revenir à sa vie tranquille... Mais tout ce monde va se recroiser devant l’objectif des caméras.
Tueur en série halluciné, cynisme des médias et vies brisées se rencontrent dans ce thriller d’anticipation. Au milieu d’un tableau très sombre de la société du divertissement, Zidrou place des personnages qui ont de la gueule et du caractère à revendre. Si la dystopie est totale, les rebondissements et les motivations des personnages permettent d’éviter le manichéisme de à grand renfort de cynisme.
Les cases d’Alexeï Kispredilov privilégient toujours l’action et les gros plans sur les personnages. La colorisation qui tranche d’une scène à l’autre ajoute de la tension au récit sans temps morts. La narration se permet le luxe de laisser de la place aux flash-back où les jeux d’enfants arrivent à éveiller une nostalgie sépia, malgré les horreurs qui les entourent...
La fin de Rosko est encore plus noire que le début de ce polar désillusionné : une série à lire pour tout amoureux d’anticipation cynique où l’audimat fait loi.
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