Salto

Poignant, historique, empreint d’un grand réalisme et en lien avec l’actualité, Salto nous livre le récit d’un homme qui change radicalement de vie pour subvenir aux besoins de sa famille. Un choix qui sera lourd de conséquences.

Salto, le « saut » en espagnol, celui que Miquel a fait dans l’inconnu. Ce trentenaire débordant de vitalité habite avec sa femme et ses enfants à Castellón de la Plana, aux bords de la Méditerranée. Livreur de bonbons adoré de tous (sauf de son patron), notre héros veut devenir écrivain. Mais, insouciant et rêveur, il pense que pour écrire, il faut avoir vécu des choses qui méritent d’être racontées. Il décide donc d’accepter un poste de garde du corps dans le Pays basque, pour protéger des personnalités menacées par l’ETA (organisation armée basque indépendantiste). Devenir un « txakurra », chien comme on les appelle là-bas à l’époque.

Commence alors sa descente aux enfers : Miquel va sombrer dans ce monde de violence. Mark Bellido, au scénario, retranscrit avec brio l’état de peur imposé par les terroristes pendant de nombreuses années dans le Pays basque. Judith Vanistendael et ses crayons de couleur dépeignent la violence dans une illustration magnifique. Le trait est net, gras, lourd, tantôt épuré, tantôt surchargé.

De la couverture métaphorique à la dernière page, on est absorbé par le jeu de couleurs et des nuances de lumière qui nous plonge dans l’histoire. Des couleurs vives au début, pour traduire une période heureuse, qui s’assombrissent peu à peu en même temps que la personnalité de Miquel.

Inspiré de la vie de Mark Bellido, Salto nous donne un large aperçu de ce que signifie vivre avec le terrorisme, avec la peur au ventre. Une thématique tristement actuelle racontée avec justesse.

Un ouvrage captivant du début à la fin.