Un hôtel sur une île, des pies, l’enfant-miroir… Il y a un côté addictif dans l’univers fort bien construit, à la manière des séries américaines. Le puzzle est complexe mais le lecteur persévère, encouragé par des personnages bien campés.
Coincé dans les limbes, un groupe d’enfants/ados tente de « survivre » (façon de parler, puisqu’ils sont déjà morts) dans un monde étrange sans adultes. Cet univers entre Sa majesté des mouches et les romans de Stephen King en est déjà à son 15ème épisode. Après quelques tomes un peu plus faibles, la série a repris du poil de la bête depuis son arrivée dans le giron des éditions Rue de Sèvres, début 2024.
Dans une page introductive, le benjamin Terry et le réfléchi Dodji résument les infos clés de la série, chacun à sa manière. Cela peut aider le lecteur dilettante, l’univers n’est pas simple. Au fil des histoires, de nombreux personnages marquants, attachants ou inquiétants, sont apparus. L’enfant-miroir, que l’on ne voit que via des reflets (miroirs, flaques d’eau…), tout droit sorti d’un film d’horreur, est de retour. On va apprendre pas mal de choses à son sujet.

SEULS T.15 © Rue de Sèvres
Le petit groupe va se retrouver dans un mystérieux hôtel. L’enjeu ? Retrouver une certaine Jézabel, qui pourrait les aider à ramener la paix dans les limbes. La seule manière d’accéder au paradis…
Fabien Vehlmann enchaîne les péripéties et dose bien les ingrédients entre aventure, angoisse, horreur (soft) et humour. Ce n’est pas simple d’animer de concert huit personnages, mais il s’en sort bien. Il n’hésite pas à les malmener, c’est un des intérêts de la série. Et il en profite pour glisser quelques messages sur l’importance de prendre soin de l’Environnement. Ce n’est pas le sujet de la série, mais cela ne nuit pas, au contraire. « A quoi bon vivre dans un monde qui devient fou » ? se demande Camille. Les jeunes ne baissent pas les bras et une de leurs forces est leur solidarité.
Le dessin de Bruno Gazzotti est impeccable, d’une grande lisibilité comme toujours. Les personnages sont bien différenciés (important, dans ce récit choral !), expressifs ; les scènes d’action sont bien menées.
Bref, du travail de pro.