Après avoir fait Irena, Morvan et Evrard se sont attelés avec Simone à une nouvelle histoire vraie sur la Shoah. Le dessin a priori humoristique s’adapte surprenamment bien à un récit qui ne l’est pas. Une lecture à recommander.
En 1944, Simone Lagrange, Simy, vient d’être arrêtée avec sa famille, juive, à Lyon, sur dénonciation. Klaus Barbie lui-même interroge et frappe Simone quotidiennement pendant 15 jours pour lui faire dire où sont cachés d’autres Juifs. Elle n’a que 13 ans, mais elle ne cèdera pas. Elle sera expédiée avec sa famille au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Simone survivra.
Jean-David Morvan se concentre dans ce tome 2 bien construit sur la farouche volonté de survivre de Simone dans le camp, mais aussi sur ses confrontations ultérieures avec Klaus Barbie : d’abord à distance en 1972, alors que le tortionnaire est réfugié en Bolivie sous un faux nom ; puis en 1985 lors de son procès. La détermination sans faille de Simone est impressionnante, d’autant plus dans les séquences à Birkenau, alors que la violence et la mort sont partout autour d’elle. Y compris venant de la Blockowa, responsable de baraquement prête à tout pour garder quelque misérable privilège, bien qu’elle-même prisonnière. C’est une de ses sinistres déclarations qui inspire le titre.
Simone, T.2 © Glénat
Le dessin au style jeunesse de David Evrard pourrait sembler en décalage complet avec le propos, mais il permet sans doute de rendre le message plus accessible. Ce n’est toutefois pas une BD pour les jeunes enfants. L’horreur n’est pas escamotée, même si elle est parfois occultée par la métaphore d’une (més)aventure d’Esther et Polly, bande dessinée dans la bande dessinée, où une petite fille est sauvée de situations dangereuses par son animal de compagnie. Et avec une concision dans le trait, volontairement tremblé, Evrard rend implacable le regard de Barbie. La lecture captivera tout autant un adulte. Et il repèrera un clin d’œil aux journalistes de Paris Flash vus dans Les Bijoux de la Castafiore.
Le récit est bien amené, fort, émouvant, sans être pesant. Le dernier tome est attendu pour clore cette trilogie réussie.