Soà, petite îlienne bretonne, devient sourde et muette. Comme une revanche sur la dureté de la vie des goémoniers, elle accède au savoir et devient, fin XIXe-début XXe, une des pionnières du droit des femmes. Gérard Cousseau (Gégé) signe une BD remarquable sur la résilience. Le dessin de Shinja, dont c’est la première bande dessinée, est une vraie claque. Incontournable.
A la fin du XIXe siècle, Soà naît sur une île finistérienne à un jet de pierre d’Ouessant et Molène. Fille de goémoniers, la petite a la vie rude. Et personne ne comprend comment elle devient sourde et muette. Comme une revanche sur cette âpre existence, elle accède au savoir, devient brillante et se plonge corps et âme dans les droits des femmes et la Seconde Guerre mondiale.
Gérard Cousseau, élève de Jean-Claude Fournier (notamment sur Bizu), a 71 ans et habite Cintré en Ille-et-Vilaine. On lui doit notamment des titres de séries ultralégères Les Toubibs et Les Bretons, ainsi que des albums sur Disney, Astérix... Il a aussi longuement, comme Jean-Claude Fournier, dessiné dans les journaux Ouest-France et Le Progrès de Lyon.
Avec Soà, le silence de mes cris, il signe une bande dessinée aussi surprenante qu’émouvante. On ne l’attendait pas forcément derrière un tel scénario, et pourtant : ce vieux routard de la bédé, donc Gotlib fut le mentor, y dévoile toute sa sensibilité. Son récit émouvant est sublimé par le dessin sensible de Shinja, un dessinateur marocain dont il s’agit là de la première BD éditée. Difficile à croire tant son trait et son graphisme sont aboutis. Et que dire de ses couleurs exceptionnelles qui transcendent l’album.

Le récit émouvant de Gérard Cousseau est sublimé par le dessin sensible de Shinja © Bamboo, 2025 - Cousseau et Shinja
Bref, vous l’aurez compris, Soà est un vrai coup de cœur que je ne saurais que trop vous recommander. De ces BD dont on retient au maximum la dernière bulle, pour savourer le plus longtemps possible.