Cette nouvelle intégrale de Spirou et Fantasio, qui incarne la fin de la période Tome et Janry, marque un certain cap dans la construction des personnages Spirou et Fantasio. Le dessin connaît, lui, des changements radicaux. Avec une préface très émouvante, cette trilogie nous fait terminer notre lecture la larme à l’oeil…
Le Rayon noir, Luna fatale, Machine qui rêve sont sans aucun doute les trois tomes les plus dérangeants de la série jusqu’à aujourd’hui. Car si Tome et Janry s’étaient permis de sonder la psychologie de leurs héros dans les tomes précédents, ils se frottent maintenant à des aspects plus éloignés mais beaucoup plus dangereux. Traiter du racisme, du sexe et de science-fiction avec Spirou, et avec humour, n’est pas chose aisée.
C’est pourtant avec brio que le duo relève le défi. Cette trilogie nous entraine donc dans les tréfonds psychologiques de Spirou et Fantasio et confronte le groom à des défis moins sportifs mais pas pour autant plus aisés. Entre une espionne qui fait tourner les cœurs, une exposition de nus et surtout, la très sensuelle Luna, c’est l’érotisme qui fait une entrée fracassante au sein du magazine jeunesse. Sans plus s’étendre sur les autres histoires, le racisme et la science-fiction sont autant de chocs infligés au duo qui aura le plus grand mal à s’en remettre.
Si les personnages de Spirou passent à l’âge adulte, leur dessin les suit. Jamais encore le trait n’avait un tel chambardement que dans Machine qui rêve, grandement critiqué à l’époque pour son graphisme. Ce dernier se rapproche en effet de Soda, série menée alors d’une main de maître par Philippe Tome.
Ces trois tomes apparaissent avec du recul comme les plus personnels de ces deux auteurs : cette intégrale est donc l’une des plus émouvantes à lire.