Le premier tome de Swan, intitulé Le Buveur d’Absinthe, dépasse le simple récit biographique des impressionnistes. L’auteur et dessinateur Néjib nous invite plutôt à redécouvrir le Paris du XIXe de façon inédite, à travers le quotidien des rapins parisiens. À la manière d’un feuilleton de l’époque, le récit met en scène Swan Manderleley et son frère Scottie, de façon dynamique et passionnante.
Scottie, un jeune new-yorkais, est accompagné de sa sœur Swan. Ils débarquent dans la capitale française. Ils sont accueillis par leur cousin Edgar Degas, avec pour but d’intégrer l’Ecole des Beaux-Arts. Scottie nous introduit, à ses côtés, dans la sphère privée de la bourgeoisie parisienne des rapins (Terme familier de l’époque pour désigner les peintres apprentis). Pour notre plus grand plaisir, le duo Manderley se rapproche des plus grands noms de l’Histoire de la peinture française. D’Edouard Mannet, à Thomas Couture, en passant par le poète Baudelaire, l’auteur sublime la fiction par un décor de fond réaliste. Il apporte ainsi du relief à l’Histoire des impressionnistes français. Autour de ce lieu incontournable qu’est le Louvre, de nouvelles relations vont se nouer. Entre les dîners de famille, les cours aux Beaux-Arts, les visites au Louvre et les soirées mondaines, l’ambition de ces jeunes artistes se heurte à une rude concurrence et de nombreuses contraintes sociales.
Curieusement, Néjib donne davantage d’importance aux contours qu’aux surfaces de couleurs des dessin. Le style graphique très singulier de l’auteur ne cherche donc pas à s’aligner aux exigences techniques et artistiques requises au XIXe.
Le style du dessin est léger et peu réaliste, peut, en apparence, ne pas parvenir à retranscrire les évènements vécus par les personnages. Mais le trait sec et vif des contours, ainsi que les aplats souvent blancs, parviennent justement à solliciter l’imagination du lecteur qui peut continuer de recréer l’atmosphère fascinante et tumultueuse des peintres de l’histoire. La présence récurrente des ombres ajoute de la profondeur et une part de dramatisation aux situations, sans parler des traits de visages qui expriment remarquablement bien le caractère propre de chaque personnages.
Swan et Scottie, tous deux porteurs d’un grand secret, prennent vite conscience des enjeux problématiques de leur passion pour l’art pictural qui s’entrechoque à la morale aristocratique conservatrice de l’époque. Les avant-gardistes d’un Paris en pleine transformation semblent se défaire progressivement des normes classiques et académiques. Mais alors que l’intérêt de Swan pour la peinture commencent à se faire remarquer, il semble que cette société patriarcale ne laisse cependant toujours pas de place aux femmes artistes. Swan peut-elle prendre le risque de suivre le même dessein que son frère et de s’imposer dans le milieu ? Cette première partie riche en rebondissement nous invite surtout à retrouver le personnage phare de Swan dans la suite de son parcours d’artiste en devenir.
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