Keita, un jeune africain sur le point de migrer vers l’Europe, est abattu d’un coup de fusil aux portes du désert. Quelques années plus tard, un homme blessé surgit de la zone désertique et se heurte à la méfiance de la petite communauté minière. Il doit son salut au pasteur qui le prend sous son aile et le surnomme Ange. Marguerite Abouet, épaulée par le cinéaste Charli Beléteau, se lance dans un récit sur l’Afrique contemporaine sans concession mais fade.
En posant son regard sur l’origine des flux migratoires qui poussent la jeune génération à fuir la misère ambiante du continent africain, elle aborde un sujet sensible qui donne à réfléchir sur ce phénomène qui ne cesse d’enfler depuis quelques années. Paradoxalement, l’Afrique a besoin de main d’œuvre mais, celle-ci, sous-payée et exploitée rêve d’un El Dorado européen plus attractif et pourtant totalement illusoire.
Traité un peu à la manière d’un western, ce scénario aurait sans doute mérité un développement plus conséquent. Tel quel, il se contente d’effleurer le cœur de son sujet avec des personnages à peine esquissés, proches du stéréotype. L’humour qui émaille l’univers d’Aya de Yopougon ou plus récemment du Commissaire Kouamé et dont Marguerite Abouet use avec un talent certain, fait ici totalement défaut.
Cet album, inattendu de Christian De Metter, réalisé parallèlement à No Body, sa série en cours, lui permet de changer radicalement d’univers. Il parvient notamment à donner quelque consistance aux principaux personnages de cette histoire avec quelques beaux portraits de femmes. Habitué depuis longtemps à signer lui-même ses histoires ou assumant seul ses adaptations littéraires, cette collaboration reste très en deçà de ses talents narratifs. On reste hélas loin de partager l’enthousiasme dont Alain Mabanckou fait preuve dans sa préface.