Un crossover dans une BD franco-belge ? C’est le pari du scénariste Christophe Cazenove qui, dans le 5e opus de Tizombi, décide d’amener ses zombies à croiser la route des Sisters, sa licence à immense succès. Pourquoi et comment ? Réponse dans les lignes qui suivent.
Pour les habitués de la BD franco-belge, petite explication du terme « crossover ». Dans les comic-books, c’est la rencontre entre deux personnages issus de deux séries différentes pour leur faire vivre une aventure commune. C’est donc ce que fait Cazenove en mariant Tizombi et Les Super Sisters, spin-off (série dérivée, en langage comics) de la série Les Sisters. Dans les trois cas, c’est le dessinateur William qui est à l’œuvre. Et en réalité, rien n’interdisait dans les histoires racontées, que ces deux mondes puissent cohabiter. Après tout, si Les Sisters est une série d’humour basée dans un monde réaliste, Les Supers Sisters est elle une histoire de type super-héroïque. Ce qui n’est pas plus réaliste que d’imaginer des morts-vivants qui parlent. Alors après tout, pourquoi pas ?
Zombies contre Zombie contre Super-héroïnes
Margotik, l’adolescente qui squatte le cimetière de Tizombi, disparait du jour au lendemain. Le petit zombie fait appel à ses copines les Super Sisters pour la retrouver. Il faut dire qu’elle est tombée entre les mains d’un dangereux chimiste zombie prêt à transformer tout être vivant sur la planète en bouffeur de cerveaux.
Tizombi Tome 5
© Christophe Cazenove, William - Bamboo Édition
Une bonne dose d'énergie en plus
Sans être la série la plus en vue de la bibliographie de Christophe Cazenove, Tizombi avait développé un vrai charme, sur les quatre premiers tomes. Il faut reconnaître que l’adjonction ici des super-héroïnes apporte une vraie dynamique supplémentaire. Elles permettent de soutenir une intrigue plus poussée, sortie des simples gags en planches. Il y a une histoire complète de proposée, avec un méchant et de véritables enjeux pour les personnages. On pourra même citer un fin un brin acide et pas tendre pour le personnage de Margotik, ramenée de manière inattendue à son statut d’adolescente quelque peu de parti pris.
Un trio d'auteurs qui partagent leur plaisir
Ce qui ne change pas, c’est de voir combien William semble s’éclater dans ses planches. Quelle que soit la série, on sent le même amour des personnages et le plaisir qu’il a à dessiner les histoires qu’invente pour lui son scénariste. Ici, l’humour visuel trognons des Sisters se marrie fort bien avec celui plus gore de Tizombi. Avec le soutien de la coloriste Elodie Jacquemoire, pas de stress, on est bien dans les univers que l’on aime lire.
Le tome 5 de Tizombi va donc sûrement être une bonne occasion de présenter les personnages et la série aux lecteurs et lectrices des Sisters. Oui, la solution pourrait être qualifiée de « facile ». Mais elle est suffisamment rare dans la BD franco-belge pour ne pas lui en faire le reproche. Et après tout, si la BD américaine le fait depuis des décennies avec succès, nous aurions tort de ne pas reproduire la recette.