Comment mettre sur les rails une série dédiée aux trains légendaires sans s'attaquer au mythique Orient-Express ? Les éditions Soleil, qui lancent aussi une collection sur les voitures d'exception, l'ont bien compris et utilisent la même formule : une petite histoire bien ficelée dans la grande. Une réussite scénaristique et graphique.
13 septembre 1931, sur le viaduc de Biatorbagy vers Budapest. Un attentat à la bombe fait dérailler l'Orient-Express. Bilan : vingt morts, beaucoup de blessés. La vedette Joséphine Baker y échappe de peu : elle doit son salut à sa présence dans le seul wagon-lit qui ne déraille pas. D'emblée, le régime fasciste hongrois en fait une affaire politique en accusant les terroristes communistes.
Mais une autre piste se dévoile : qui est cet énigmatique Sylvester Matuschka, au plus près de la catastrophe ? C'est finement retranscrit et l'une des affaires qui émailla le parcours de l'Orient-Express devient un scénario de choix sous la plume de Richard D. Nolane.
On voyage aussi côté dessin. Il y a de l'action, de la violence dans cet événement historique et c'est criant de vérité dans la case. On croirait vivre les embardées de la première scène qui mène les voyageurs droit à la catastrophe ferroviaire. Le trait dynamique de Diego Alminana et l'alternance couleur-noir et blanc nourrissent le récit de crédibilité. La couverture du Breton Ronan Toulhoat et la présence d'un cahier historique clair et concis, très en vogue, apportent un plus.
Qu'il est bon de fermer les yeux pour laisser vagabonder son imagination sur les chemins de fer les plus mythiques d'Europe. Servi par un dessin en adéquation, cet album est un excellent moyen pour apprendre ou redécouvrir les heures les plus noires de ce train qui restera à jamais dans les mémoires. Prochains volumes : le Transcontinental et le Transsibérien à qui l'on souhaite la même vitesse de croisière.