Alexandra David-Néel, grande exploratrice au caractère de cochon, valait bien une série digne de ce nom. La version de Fred Campoy et Mathieu Blanchot emportait déjà le lecteur dans les deux premiers tomes. Partie remise dans le premier volet de ce second cycle, aussi bien dans la narration que l'illustration.
Alexandra David-Néel, femme aussi complexe qu'hors du commun, fut une très grande exploratrice. Une des premières femmes occidentales à s'aventurer à Lhassa, au Tibet, à une époque où les dames voyageaient peu. Pendant les dix dernières années de sa très longue vie, elle fut accompagnée dans sa villa de Dignes par Marie-Madeleine, une jeune femme dévouée et pleine d'abnégation. Elle l'assiste au quotidien, et bien plus encore... Quitte à supporter son sale caractère.
Marie-Madeleine doit désormais réunir l'argent nécessaire pour accomplir la dernière volonté de l'aventurière : disperser ses cendres et celle du lama Yongden, son fils adoptif, dans les eaux du Gange. Vu l'engouement suscité par les deux premiers tomes de cette série, qui se suffisaient en eux-mêmes au départ, difficile de ne pas céder à la tentation de poursuivre ce beau diptyque de départ.
Grand bien en a pris aux auteurs et à l'éditeur. Car ce prolongement du récit qui retrace le parcours d'une femme incroyable tient diablement la route. Fred Campoy et Mathieu Blanchot avancent avec talent dans un album aussi réussi dans l'écriture que dans le dessin. Il gagne même en qualité et donne à l'exploratrice fondue d'Asie une image de très belle facture.
Le trait est souple et précis, les paysages superbes, les émotions toujours en creux. L'alternance entre les planches en sépia et celles en couleurs pour distinguer les différents temps de l'histoire fonctionne comme une machine bien huilée. Que l'attente va être longue jusqu'au quatrième et dernier tome. L'occasion de relire les trois premiers, une aubaine...