Will Jones vit sa meilleure vie dans le loft d'une tour high tech d'une riche métropole avec ses implants mentaux et un androïde pourvoyant à son bonheur. Son travail à l'académie historique lui plait. Il lisse les témoignages du passé pour les rendre acceptables par le tout-venant. Mais un jour, il trouve un livre dans la poche de sa veste alors que les livres sont interdits depuis longtemps...
Utopie - T1
Le synopsis de l'album
La critique ZOO
Le premier tome de cette trilogie nous transporte vers un futur lointain où l'individu est un élément du corps social sans trace de personnalité propre. Dans cet opus, le héros s'éprend d’une jeune femme et peu à peu prend conscience de cette organisation dystopique.
Will Jones mène une existence parfaitement comblée. Faisant partie des privilégiés de la société, il réside dans un somptueux appartement des quartiers huppés, bénéficie d'un emploi stable, et jouit de la compagnie d'un humanoïde, une réplique d'une charmante femme au foyer. Dans cette société, le malheur et les véritables sentiments n'ont pas leur place, tout est aseptisé. Son emploi à l'Académie Historique, chargée de réécrire le passé pour le rendre acceptable à tous, souligne cette uniformité. Les livres ont disparu, remplacés par des scans transformés. Cependant, un jour, Will en découvre un dans son casier au travail. Son expéditeur demeure inconnu. À mesure qu'il le lit, les mots le touchent profondément et suscitent en lui une réflexion profonde.
Utopie T1 © Delcourt, 2023
Griffo, maître émérite de la BD franco-belge, collabore avec Rodolphe sur cette trilogie. Ayant travaillé avec des scénaristes renommés du neuvième art tels que Dufaux, Cothias, Mangin, Desberg, Swolfs, Van Hamme, Bollée, et bien sûr Rodolphe, Griffo adopte un style réaliste qui s'adapte à des genres aussi variés que l'album historique (comme Giacomo C au XVIIIe siècle), les ambiances policières (comme Sherman), et les univers futuristes (comme Samba Bugatti). Il a même réalisé des planches pour des séries telles que Modeste et Pompon, ainsi que des œuvres érotiques à ses débuts. Dans cet ouvrage, le lecteur reconnaîtra immédiatement son style académique, créant un univers graphique saisissant dans cette BD de science-fiction, avec une attention particulière portée à l'architecture urbaine. Griffo agence clairement ses planches, il met tout son art au service de la lisibilité. De même, la palette de couleurs, dominée par des tons de bleu et de vert, confère une ambiance homogène à l'intrigue.
Rodolphe propose un scénario qui, bien que classique, explore un univers futuriste fréquemment évoqué : une société tentant d'endoctriner l'individu, le privant de ses émotions. Les caractéristiques de notre propre monde contemporain sont exagérées pour inciter le lecteur à réfléchir sur sa vie quotidienne et la trajectoire du monde. Bien que certains éléments soient peu crédibles, cette fable soulève des questions méritant réflexion. Le scénariste se montre habile en établissant le cadre de l'histoire et en lançant les prémices de l'intrigue dans ce premier opus, maintenant ainsi le lecteur en haleine pour les épisodes à venir.