Synthèse entre la BD franco-belge, le comics et le manga, Vermines offre un univers décoiffant et complexe avec pour héros un voyou de La Nouvelle-Orléans qui se trouve projeté dans un univers parallèle. Musclé et énigmatique…
Notre réalité, c’est « la scène ». Marcus fait partie d’un gang de La Nouvelle-Orléans. Quand il se fait tuer juste après avoir vu un chat les tripes à l’air, il se retrouve dans « les coulisses », un univers parallèle créé il y a quelques milliers d’années par six sorcières. Ce monde est habité non seulement par les humains, mais aussi par « les vermines », des êtres monstrueux dont certains semblent avoir des intentions pacifiques, les disciples des sorcières. Mais pas tous, loin de là…
Après In Mémoriam, Mathieu Salvia propose chez Dupuis une nouvelle série qui capte dès les premières pages. Il réussit déjà la gageure de nous faire adhérer au personnage de Marcus, qui est bien plus proche du salaud que du mec sympa. Ce gangster se retrouve malgré lui mêlé à un complot qui le dépasse, impliquant aussi bien des humains de la réalité (un gang adverse) que des vermines des coulisses, tous ayant le même tatouage. Si le lecteur a envie de comprendre quel est le sens de toute cette construction scénaristique (vraiment) pas simple, Marcus désire simplement retrouver sa vie d’avant. Et nous sommes de tout cœur avec lui car les coulisses, c’est vraiment un monde barré, voire apocalyptique.

© Dupuis, 2023
C’est le second album de Johann Corgié, et il s’y est visiblement beaucoup investi. Il transcende son dessin dans les scènes d’action et celles où apparaissent des vermines. On remarque d’ailleurs une évolution de son trait qui gagne en souplesse et en pertinence au fil des pages. Son découpage et sa mise en scène doivent clairement aux mangas, mais aussi aux comics, injectant nervosité et démesure à sa traduction graphique de l’histoire. L’influence de son scénariste n’y est sans doute pas étrangère, car une approche similaire est utilisée par Djet dans In Mémoriam.
Le coup de théâtre concluant ce tome 1 amène à s'interroger sur qui manipule qui. Ce dernier « qui » incluant Marcus et le lecteur de cet album réussi.