Voici la fin de l'ambitieuse quadrilogie consacrée au destin d'une famille des années 20 aux années 50. Le découpage est très dense et les personnages se débattent dans les soubresauts du régime nazi, puis dans l’après-guerre. édifiant.
Sous une couverture avec le beau visage de la rousse Sheila O’Dare, les scénaristes Nathalie Ponsard-Gutknecht et Miceal Beausang O'Griafa concluent leur saga. Ils nous font suivre en parallèle la survie de Lieselotte en camp de concentration, les efforts de Louis et Georg pour aller la délivrer, ainsi que la vie en Irlande de Sheila et ses liens avec l'IRA.
Lieselotte est transférée à Mauthausen où se déroule la séquence la plus longue de l’album, éprouvante, même si elle ne fait que quelques pages. Les séquences qui suivent sont très courtes, souvent d’une ou deux pages, parfois moins, nous faisant courir tout au long de 1945. Le décor est la lente agonie du joug nazi, sur le fond duquel se débattent les personnages. Avec des incursions en Irlande, respirations apparentes pour s’intéresser en fait à une autre lutte.
Visages © Glénat
Puis on bascule sur l’après- guerre et l’album se finit en 1954, toujours par tranche d’une ou deux pages. L’album couvre ainsi une décennie. Il est rare de voire un tel procédé utilisé en bande dessinée de manière aussi systématique, tout au long d’un album. Cela donne une densité particulière à l’histoire, tout en permettant de prendre de la hauteur, étonnant paradoxe. On peut aussi être désarçonné par un tel procédé, même si le résultat n’est pas un simple survol de la vie des personnages.
Aurélien Morinière offre à ces derniers son dessin fin, sensible, qui ne masque pas l’inquiétude, la souffrance sur les visages. Mais qui les éclaire aussi de sourires salvateurs. Il n’est également pas avare en décors. Pour pouvoir représenter sur une page toutes les informations délivrées par ses scénaristes, il compose des planches denses. Il multiplie les techniques pour attirer le regard sur telle ou telle scène clé, permettant ainsi de donner du relief et d’éviter la monotonie.
L’espoir est-il au bout du chemin ? La fin est une sorte de cliffhanger, donnant envie d’une suite…