La Petite Voleuse

Qu’elle est tristounette, la vie de Corrina Parks. Diplômée en lettres anglaises, elle travaille depuis quelques années dans… le marketing. Un métier loin de ses aspirations. Pour oublier qu’un être ne partage pas la sienne, elle pique gentiment. Une belle leçon de vie au graphisme épatant.

La petite Corrina Park travaille dans le marketing. Mais autant dire qu’emballer les produits de phrases dégoulinantes et d’accroches publicitaires mensongères ne l’emballe guère. Non, ce dont rêve ce petit bout de femme solitaire en quête d’amour, c’est d’écrire un jour un bouquin. En attendant, elle tente d’oublier ses soucis existentiels en dérobant des magazines dans le supermarché de son quartier. Jusqu’au jour où...

Le quotidien de Corrina est celui de plein de femmes des temps modernes qui cherchent à donner un sens à leur vie dans une double quête, amoureuse et professionnelle. Les collègues de boulot mal intentionnés, les travers du monde professionnel dans lequel l’héroïne évolue, leurs impacts sur ses soirées, sa solitude, son quotidien que seul son gros matou parvient à égayer. Une histoire pleine de finesse et de lucidité.

L’auteur coréen Michael Cho, qui sort ici son premier roman graphique, fait le choix ambitieux d’une trichromie rose, noire et blanche. Du minimalisme peut jaillir la puissance, le dessinateur l’a bien saisi. La lecture alterne entre un découpage classique en cases et des dessins pleine page ou double page de très belle facture. C’est beau, c’est triste, mais le trait épais conduit vers une fin optimiste.

La Petite Voleuse flaire bon les influences comics, manga et dessin de presse. Entre les doigts de cet auteur asiatique très prometteur et installé à Toronto, la vie de Corrina Parks prend tout son sens et ne peut laisser insensible. Toute petite voleuse mais très belle et grande personne.