Les comics de super-héros ont l’image de productions vides de sens et riches de violence physique. William Blanc, historien médiévaliste, vient gratter sous la surface des choses pour donner à voir toute la complexité des idées politiques exprimées depuis l’apparition de Superman.
Un personnage politique dès ses débuts, nous rappelle Blanc. Un des premiers à lutter contre le « crime en col blanc », celui des patrons véreux. En février 1940, Siegel et Shuster ont envoyé Superman mettre la main sur Staline et Hitler pour les faire juger. De confession juive tous deux, ils avaient perçu l’horreur du totalitarisme et avaient décidé de conscientiser les Américains à travers leur modeste super-héros de papier.
De la politique sous les collants !
William Blanc mêle donc analyses de personnages et thématiques, pour bien montrer la profondeur des sujets traités dans les comic books de super-héros. Il fait la démonstration que le genre n’est pas neutre et que sous couvert de divertissement, de nombreux auteurs ont eu à cœur de faire passer des messages sur leur perception du monde.
Les comic books, de gauche ?
Il propose un ouvrage extrêmement accessible, doté d’une iconographie conséquente. On pourra toutefois lui reprocher d’avoir quelque peu anglé son choix des thématiques politiques.
Tout occupé à démontrer le caractère progressiste de l’industrie du comics, il minore d’autres sujets qui contre-balancent ce tableau, tel le rapport à l’État, la violence physique ou la sexualisation à outrance des corps féminins.
Car finalement, les comic books de super-héros ne sont rien de moins que le reflet de la diversité politique des États-Unis. Autant dans la noblesse des luttes pour l’émancipation des plus faibles, que dans la noirceur des pulsions humaines primaires. Obama vs Trump, les comics n’ont pas tranché...
Article publié dans le magazine Zoo n°69 Janvier - Février 2019