En marge de leurs projets habituels, Ed Brubaker et Sean Phillips nous proposent régulièrement des one-shot à part, comme ce savoureux Pulp qui rend hommage à ces récits qui remplissaient les magazines dans les années 30/40/50, pour le plaisir des fans de Polar, de Western, de SF…
Le personnage principal, Max Winter, est un ancien hors-la-loi, reconverti à l’écriture de Pulp, afin de raconter ses anciens exploits. Il accepte mal son vieillissement, d’autant que son cœur est de plus en plus fragile. Alors qu’il se prépare pour un dernier coup de dé en espérant cambrioler seul un fourgon bancaire, il rencontre Jeremiah Goldman, un ex-agent Pinkerton qui lui propose un coup à deux… Bien au-delà de l’espoir de récolter le pactole promis, c’est pour Max la perspective de se sortir une bonne fois pour toute de cet état stagnant où il s’enlise, retrouver cette flamme qui le rendait libre, jadis.
Car le vieil écrivain est un homme du passé, une période où on ne lui aurait pas parlé comme ce jeune éditeur aux dents longues, ou comme ces jeunes nazis qui n’ont de respect pour personne. Il ne se sent plus à sa place dans cette société qui va trop vite.
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Les Westerns des années 30
© Delcourt
On retrouve ainsi le scénariste Ed Brubaker dans ses thèmes favoris sur l’identité, la solitude, l’héritage, ses hommages appuyés à un temps révolu qui ressemblait aux films d'Humphrey Bogart, contrasté, lumière basse, ombre insidieuse, imper’ baissée sur les yeux. Toutefois, avec Pulp, il s’écarte assez adroitement des stéréotypes. Max est un héros usé et amer qui ne se fait absolument aucune illusion sur tout ce qui l’attend. Le scénario reste toutefois très bien rythmé, avec ce qu’il faut de rebondissements. Il ne fait pas dans le lyrique, les voix off sont sèches et parfois cyniques.
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Max Winter n’a plus 20 ans, son cœur non plus
© Delcourt
C’est efficace, sur le fil du rasoir, comme un bon vieux Hammett! De son côté, Sean Phillips nous offre évidemment une prestation très vive et sans chichi qui reste tout du long dans la cohérence du récit. Son trait ajoute une matière rugueuse, presque figée, à l’écriture.
Un bon récit noir dans la pure tradition du genre!