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L'Escadron Suprême - Le programme Utopie

couverture de l'album L'Escadron Suprême  - Le programme Utopie

Éditeur : Panini Comics

Scénario : Collectif, John Buscema, Mark Gruenwald, Bob Hall, Paul Ryan

Collection : Marvel Deluxe

Genres : Comics

Prix : 35.00€

  • ZOO
    note Zoo4.5

    Scénario

    4.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
    0 critique

Le synopsis du comics L'Escadron Suprême - Le programme Utopie

Dans un monde semblable à l'univers Marvel, les héros sont représentés par un justicier milliardaire habillé en oiseau de nuit, un surhomme venu d'un autre monde, l'ambassadrice d'une île hors du temps, l'homme le plus rapide du monde... Ils forment L'Escadron Suprême d'Amérique et ils ont échoué dans leur mission ! Possédés par un extraterrestre, ils ont mis le monde à genoux avant de le sauver. Aujourd'hui, ils veulent faire de l'Amérique une véritable utopie, et cela est peut-être leur plus terrible erreur ! Reflets à peine voilés de la Ligue de Justice de la Distinguée Concurrence, Hyperion, Power Princess, Nighthawk et les autres sont les héros d'une des plus mémorables maxi-séries jamais publiées par Marvel. Dans la lignée de Watchmen et bien avant Authority, ces héros fragiles et loin d'être infaillibles, décident de sauver le monde en en prenant le contrôle. Cette saga qui a révolutionné les comics dans les années 80, est proposée ici avec un...

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La critique ZOO sur l'album L'Escadron Suprême - Le programme Utopie

Les amateurs de comic-books vénèrent Watchmen d’Alan Moore et XX, réputé comme l’un des grands comics mainstream intelligence. Au-delà des idées reçues, un titre avait déjà occupé ce créneau quelques années auparavant : L’escadron suprême de Mark Gruenwald, Bob Hall et Paul Ryan, que publie enfin en recueil Panini Comics France. Vous aimez les super-héros qui dérapent ? Découvrez le grand ancêtre de The Boys et autres Authority.

L’Escadron Supreme est une équipe de super-héros. La grande et unique équipe de son monde. Ce groupe a été manipulé par un extra-terrestre qui a tenté de dominer le monde par leur entremise. Désormais, l’Escadron Supreme décide d’agir pour le bien de la population. Alors puisque le pouvoir politique américain est décrédibilisé, ils décident de prendre le pouvoir pendant un an, de régler les problèmes et de rendre un pays et une planète pacifiée aux peuples. Mais entre bien-être collectif et libertés individuelles, les actions sont complexes.


Deux doigts de contexte


Quelques mots, avant toute autre chose, sur la nature de l’Escadron Supreme, équipe labellisée Marvel Comics mais qui n’agit pas dans le monde des Avengers. Cette équipe est à l’origine une parodie de la Justice League de DC Comics. Ainsi donc, chaque personnage est un décalque d’un personnage de premier plan de l’éditeur concurrent. Deux scénaristes amis et concurrents, Roy Thomas et Denny O’Neil, décident de se créer leur petit crossover inter-société dans la fin des années 60. L’un parodie la JLA, l’autre les Avengers et chacun en fait l’antagoniste de son épisode.

Mais la parodie de super-équipe a perduré et incarne une phase importante du multivers Marvel comme l’illustre le journaliste et essayiste Xavier Fournier dans un des derniers épisodes de son podcast Aventures Fiction.


Et si les super-héros mettaient fin à toute guerre ?


Si ce Marvel Deluxe ne traite pas toute la série Squadron Supreme, elle présente néanmoins une partie très importante des publications de cette équipe. Un résumé des épisodes précédents est fait dès les premières pages et un lecteur néophyte n’aura aucun mal à aborder cette lecture. Tout ce qu’il y a à connaître, ce sont vaguement les personnages DC d’origine, pour apprécier les clins d’œil.

Et donc, ces dérivés de Superman, Batman, Wonder Woman et autres, choisissent de prendre le destin du monde en main. Au prétexte que leurs pouvoirs combinés peuvent leur permettre de régler tous les problèmes. Noble cause n’est-il pas ? Une question que tout lecteur de comics s’est nécessairement posé un jour. L’héroisme, ne serait-ce pas avant tout de lutter contre ce qui nuit à l’ensemble de la société ?
Mais nous sommes ici dans une œuvre étatsunienne. Marquée par la philosophie très individualiste et réfractaire à l’autorité centrale politique. Et donc, Mark Gruenwald va décrire comment ces idéaux très nobles et parfois en contradiction avec la culture américaine, vont basculer rapidement dans des pratiques qui répriment les libertés individuelles.


La perversion des idéaux mais la victoire de l'individualisme 


Les super-héros vont se laisser aller à des actes de manipulation tout à fait condamnables. Mais heureusement un individu va se dresser contre eux pour faire tomber leur dictature.

Bon, en écartant le fait que l’Escadron tient plus du tyran romain que du dictateur. La différence ? Ils rendent vraiment le pouvoir après leur mandat. Et entretemps, ils ont réellement mis fin à la violence, désarmé l’Amérique et la planète, mis fin à la misère, etc… Manifestement trop de bonheur collectif pour Gruenwald qui se voit obligé de faire faillir les idoles pour mieux renverser tout ce qu’ils ont construit et leur oppose des antagonistes composés de milliardaires, de violeurs et de super-vilains. Ce sont eux qui remettent entre les mains des humains cette nouvelle société remise à neuf, dont rien n’est montré qu’ils en feront bon usage.

La liberté individuelle est sanctifiée contre le bien commun. Une perception très américaine, tout du moins dans les années 80. Notre Europe est aujourd’hui bien moins réceptive à cette philosophie collective qu’elle ne l’était à l’époque.


Une belle écriture humaine


On peut contester le propos de Mark Gruenwald, mais on ne peut nier ses qualités d’écriture. Son récit est parfaitement cohérent, rempli de nuances et de questionnements forts. Ses personnages notamment, sont très bien écrits, avec une réelle multiplicité de points de vue. On s’attache à tous et les péripéties qui les touchent impactent vraiment le lecteur et l’aventure. On comprend vraiment l’ensemble des points de vue.


Un dessin daté mais accessible 


Pour ce qui est de la partie graphique, Bob Hall livre un travail tout à fait lisible encore aujourd’hui. On le sent à sa place dans le début des années 80, sans génie particulier, mais comme un bon artisan du comic-book. Il y a une simplicité dans son trait qui appellerait à plus de détails mais qui assure cette réelle lisibilité.

Il y a deux parties dans ce recueil. Les deux se suivent et se complètent, mais une aventure plus cosmique est dessinée par Paul Ryan, que les lecteurs français auront pu lire dix ans plus tard sur Fantastic Four via le magazine Nova. On est ici dans ses premières années de publication. Son style réaliste est déjà bien présent mais la différence de maturité est évidente. L’artiste progressera au fil des années. Mais comme Bob Hall, Ryan livre une prestation très claire, qui favorise vraiment la prise en main d’un récit là aussi complexe.

L’escadron suprême est donc une publication qu’il faut lire quand on est amateur de récits de super-héros. Antérieur à Watchmen, il inaugure vraiment un élan vers le récit profond dont profiteront de nombreux artistes par la suite, jusqu’à aujourd’hui encore. Sans Supreme Squadron, sans doute que de nombreuses références actuelles du comic-book n’auraient pas vu le jour.

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