ZOO

Clear

couverture de l'album Clear

Éditeur : Delcourt

Scénario : Francis Manapul, Scott SnyderTraducteur : Laurent Queyssi

Collection : Contrebande

Genres : Comics

Prix : 16.95€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
  • note lecteurs3.3
    2 notes pour 1 critique

Le synopsis du comics Clear

Il est devenu possible d'adapter la réalité à nos propres préférences (modes steampunk, porno, médieval, etc.), tandis que le monde reste statique. Merveilleux, non ? Pas vraiment... SAM DUNE, un ancien flic devenu détective privé, enquête sur un suicide. Dune vit en mode CLEAR, sans aucun filtre. Il voit le monde tel qu'il est vraiment. La victime est son ex-femme, et elle n'avait rien de suicidaire...


La critique ZOO sur l'album Clear

Le futur. Désormais chacun vit dissimulé derrière un voile virtuel qui déforme la réalité, pour lui donner une apparence plus séduisante, moins anxiogène. Le détective Sam Dunes refuse cet artifice, il lui préfère le mode Clear, vierge de toute interprétation.

Cela devait arriver. Le virtuel a progressivement gagné du terrain sur la réalité. Dans cet avenir ou les États-Unis ont perdu la guerre contre la Chine et le Japon, l’actualité est désormais le reflet des désillusions d’une population habituée aux chants de guerre glorieux et fédérateurs. Des corporations ont alors mis au point une nouvelle technologie révolutionnaire à base d’implants cérébraux appelés « Voiles » qui permettent d’adapter notre vision de la réalité selon nos préférences. Si on aime les dessins animés, hop, les passants et les immeubles changent d’apparence… Ainsi, chaque citoyen peut s’échapper du gris et de la déprime pour s’imaginer évoluer dans son monde idéal.

Cependant, ce qui commence par être une simple bonne idée, une belle proposition, devient progressivement une norme qu’il est interdit de ne pas pratiquer. Apparaissent alors des Voiles illicites, permettant soit de partager des visions collectives, soit des univers illégaux, soit carrément de percevoir la réalité nue, sans vernis.

Derrière les masques 

Quand l’ex-flic Sam Dunes apprend la mort de son ex, Kendra McKale, il décide de mener sa propre enquête. Celle qui fut l’amour de sa vie, la mère de son fils, travaillait pour une de ces fameuses corporations qui contrôlent les voiles. Elle cherchait le moyen de créer un voile partagé non toxique et se rapprochait dangereusement des groupuscules clandestins. Petit à petit, Sam se rend compte que ses investigations ne sont d’une part pas au goût de tout le monde, mais qu’en plus, elles lui dévoilent une réalité derrière la réalité, des secrets gardés jalousement par les hautes sphères… 

La notion de la réalité subjective n’est en soi pas très nouvelle, malgré tout, elle met en avant une idée intéressante et fondamentale dans les différents débats qui animent notre société. Nous évoluons tous dans une perception de notre monde qui diffère de celle de notre voisin. On s’en rend compte dès qu’il est question de politique, de religion ou dès que l’on fait face à des grands débats comme la santé ou autres. C’est un concept essentiel, car il sert de moteur pour tous les discours que l’on nous assène en boucle à travers les médias. On entretient cette disparité, car elle permet de voiler le reste.

Clear

Clear © Delcourt, 2023

Cette idée est donc au cœur de Clear qui se présente comme une sorte de parabole de notre société fascinée par les réseaux sociaux, par ces spectacles hypnotiques qui entretiennent une certaine hébétude générale.

Si Sam refuse de se cacher derrière un voile, de rester en mode Clear, c’est parce qu’il lui est insupportable de ne pas affronter ses sentiments et la responsabilité de ses actes. Toutefois, ce mode Clear reste toujours une barrière dont il n’a peut-être pas lui-même conscience, un masque comme un autre…

Zeu Snyder universe

Scott Snyder, plus habitué aux grandes franchises de DC (il a longtemps œuvré sur Batman ou la Justice League, notamment) arrive chez DC avec une série de projets plus personnels et plus « libres ». Les mains libres, il s’est déjà illustré, chez Image, sur Undiscovered Country, Nocterra et le récent Démons. L’objectif de ce micro label, Best Jackett Press, est donc de lui permettre de développer des titres, avec ses amis, sans grande contrainte éditoriale.

Et il faut bien admettre que Clear est une excellente surprise. Un polar futuriste qui nous rappelle les univers de Philip K. Dick (Blade Runner ou encore L’œil dans le ciel), extrêmement bien écrit, avec une réflexion très intéressante et un rythme narratif particulièrement captivant. Le scénariste ne s’embourbe pas dans une démonstration pleine d’effets de manche, il reste concentré sur son intrigue, sur ses personnages. Le tout magnifié par le dessin et les couleurs de Francis Manapul, lui aussi transfuge de DC. Les planches sont dynamiques, avec une gestion des lumières et des teintes très audacieuse.

Alors qu’on aurait pu s’attendre à un récit plus formaté, on a droit à un album qui se dévore d’une traite et qui nous fait réfléchir, dans la foulée. Parfait ! Très conseillé.


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Commentaire et critiques (1)

note de la critique de spitfire89

3.5

Des graphismes très travaillé, une intrigue entre Blade Runner, Clones, Matrix et Inception. Une Bd SF-Thriller, inquiétude et réflexion sur la technologie, sur le devenir de l'humanité. Un one shot de Scott Snyder plutôt connu pour les Batman chez Urban Comics. Clear est aux éditions Delcourt, c'est une critique social, cette univers nous happe, un final qui reste ouvert. Action, rebondissement, une psychologie assez profonde.

Le 22/10/2023 à 11h35