Avec Altamont, Herik Hanna et Charlie Adlard signent une chronique historique, sociale et politique fine, dense et intense.
Décembre 1969. Une bande d’amis se rend en combi Wolkswagen au festival organisé par les Rolling Stones sur le circuit automobile d’Altamont en Caroline du Nord. La route étant longue, les discussions s’enchaînent, chacun ayant son avis sur les questions musicales, notamment quant au meilleur guitariste de l’époque. Une fois sur place, rien ne se passe comme imaginé…

Altamont © Glénat, 2023
Le sens du rythme
Le récit prend le temps du trajet pour poser le contexte et développer l’atmosphère, brosser le portrait des personnages et des relations qu’ils entretiennent entre eux, varier la nature des dialogues (tour à tour explicatifs ou ironiques). Le scénario de Herik Hanna, extrêmement bien charpenté, passe progressivement de l’intime au général, de l’espace confiné du van à celui ouvert et ample du festival d’Altamont, des préoccupations du groupe de hippies à celles des États-Unis à la fin des années 1960, la guerre du Vietnam marquant les conversations et les chairs. Cela s’effectue avec un sens aigu du rythme qui se manifeste notamment par le découpage et les partis pris de mise en pages. S’il est sans doute bénéfique que le récit ne se concentre pas précisément sur les faits les plus tragiques (dont l’assassinat de Meredith Hunter), les interventions des funestes Hell’s Angels, puis le saut temporel final emportent moins l’adhésion que les parties précédentes.
L’un des atouts de cet album réside dans le dessin de Charlie Adlard. Son mélange de précision et de légèreté et son recours aux trames vont comme un gant à cette histoire, la dotant tour à tour de mélancolie ou d’ironie et évoquant parfois l’esthétique du pop art. Plus largement, son trait semble rendre compte du plaisir éprouvé lors de la réalisation de cet ouvrage, plaisir transmis haut la main au lecteur !
Article publié dans le Mag ZOO N°93 Juillet-Août 2023
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