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Le dernier jour de Howard Phillips Lovecraft

couverture de l'album Le dernier jour de Howard Phillips Lovecraft

Éditeur : 404 éditions

Auteur : Traducteur : Joseph Altairac

Conseiller scientifique : François Bon

Genres : Comics, Fantastique

Prix : 24.95€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
    0 critique

Le synopsis du comics Le dernier jour de Howard Phillips Lovecraft

Personne ne sait à quoi a ressemblé la dernière journée de cet homme qui s'appelait Howard Phillips Lovecraft le 15 mars 1937. Personne ne sait, sauf moi. Car moi, j'y étais. J'y étais et je vais tout vous raconter. L'auteur Français Romuald Giulivo et l'artiste Polonais Jakub Rebelka (Origins, Judas...) se sont réunis pour nous transmettre le récit onirique de la toute dernière journée du célèbre auteur américain. Le Dernier jour de Howard Phillips Lovecraft est une pièce de théâtre sous forme de dialogues intérieurs. Revisitant les contrées imaginaires de l'auteur, les souvenirs de l'homme, ses colères et ses zones d'ombres, voici le dernier voyage d'un homme complexe et torturé faisant au tout dernier moment de sa vie face à ses choix, ses errances et ses renoncements persuadé que seul une nuit éternelle réconfortante attend les hommes au moment de leurs morts. Mais, un auteur n'est-il pas par essence immortel par les récits dont nous sommes les...

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La critique ZOO sur l'album Le dernier jour de Howard Phillips Lovecraft

Le 15 mars 1937, Howard Phillips Lovecraft meurt d’un cancer de l’intestin. Alors qu’il vit ses dernières heures, son esprit plane au milieu des remises en question sur ce qu’il est devenu, sur son œuvre et sur son hypothétique postérité…

La première question qu’on est en droit de se poser c’est « faut-il être un lecteur assidu de Lovecraft pour appréhender pleinement cet album ? », à quoi je répondrais que ça peut permettre d’être un peu plus dans l’ambiance, de mieux connaître les thèmes habituels de l’écrivain, et en tout cas d’avoir aussi des clés de compréhension pour les nombreuses références qui viennent évidemment nourrir cette histoire, et notamment ces doutes exprimés qui scandent régulièrement les pages.

Toutefois, l’écriture de Giulivo est avant tout immersive, nous faisant entrer dans la tête d’un auteur qui a tendance à se déprécier, à se répéter combien il a tout raté, sa carrière, ses textes, sa vie, son mariage… Rebelka, le scénariste, garde aussi une certaine distance avec l’aspect purement anecdotique de cette vie. Certes, il ne peut éviter d’y faire allusion, c’est tout de même le centre du propos, mais il laisse une porte ouverte à ceux qui ne maîtrisent pas le sujet, mais pouvant néanmoins se laisser séduire par l’album, pour toutes les qualités qu’il dégage.

Le dernier jour de Howard Phillips Lovecraft

Le Dernier Jour de Howard Phillips Lovecraft © 404 Comics, 2023

Un maître du genre

Je ne vais pas m’épancher sur l’importance du corpus Lovecraft dans la littérature fantastique, n’étant moi-même pas nécessairement un amateur. Cependant, il faut bien reconnaître l’impact que cette œuvre a encore aujourd’hui sur des générations de lecteurs, de créateurs. Plus que jamais d’actualité, les nouvelles et romans de l’écrivain continuent de nourrir un imaginaire riche et inquiétant dans une multitude de projets, allant des films aux bandes dessinées, en passant par les séries, la musique, les jeux ou tout simplement la littérature elle-même.

Cet album ne propose donc pas d’adapter quoi que ce soit, ni même de se lancer dans une bio exhaustive, mais bel et bien d’imaginer une sorte de dialogue avec Lovecraft qui, au crépuscule de sa vie, ferait face à son parcours, à ce qu’il est devenu. Giulivo évoque alors le personnage de Randolph Carter qui confronte l’écrivain au poids de ses fictions face au monde qui l’entoure, cette désespérante vision de l’humanité en fin de vie, elle aussi. On voit aussi sa femme Sarah lui faire face, lui témoigner de l’amour tout en lui reprochant son désintéressement… Il se lève, suit le spectre de Houdini, rencontre des auteurs du futur, héritiers d’un imaginaire cauchemardesque… Lovecraft sillonnent les paysages d’un monde intérieur tourmenté qui lui présente le reflet d’un homme qui s’éteint sans forcément s’être accompli, avec le sentiment de n’avoir jamais été réellement compris. Il se souvient, ces maisons, ces rues, ces visages, une famille, ses correspondants et ses propres personnages qui le toisent…

L’album est troublant, on a l’impression d’évoluer dans une sorte de brouillard parcouru par des silhouettes, de suivre une piste qui s’étire au loin. On est fasciné par les mots, les phrases, cette longue litanie qui résonne au gré des planches. Mais surtout, on est bouche bée devant le travail de Jakub Rebelka.

Le dernier jour de Howard Phillips Lovecraft

Le Dernier Jour de Howard Phillips Lovecraft © 404 Comics, 2024

Jakub Rebelka

Car, avant tout, c’est la beauté hypnotique des planches de Rebelka qui captive dès le début. Plus on avance, plus l’expressionnisme de l’artiste s’accentue, transformant un voyage intérieur en véritable performance graphique. Les décors qu’il nous offre sont à la fois sublimes et sombres, le rouge envahit la page, un œil nous observe, blottit contre un mur, les arbres se tordent, les nuages envahissent le ciel, les visages se déforment et d’un seul coup, nous glissons vers une plaine venteuse et froide, ambiance gris coloré bleu, les ombres prennent le relai, nous sommes au cœur de l’âme de Lovecraft, nous vivons le dessin, les couleurs, nous tremblons…

S’il est un album troublant par sa beauté transcendante et par son écriture habitée, d’une extrême subtilité, c’est bien ce Dernier Jour de Howard Phillips Lovecraft qui nous laisse une étrange impression, comme revenu du pays des morts.

Un très grand album.

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