Solo Lyra Quand je ne savais pas que tu existais

Depuis 2014, l’espagnol Oscar Martin développe son univers postapocalyptique dans sa série Solo aux éditions Delcourt. Régulièrement, il se fait accompagner d’autres artistes pour scénariser et développer son univers. C’est le cas avec Solo Lyra, dessiné par Leonel Castellani, qui vient offrir une origine au personnage de Lyra.

Dans un monde ravagé, chaque société autonome a ses propres rites. Dans la communauté de Lyra, les jeunes partent pour créer un nouveau point de vie et tenter de faire subsister un peu de civilisation. Le jour où sa mère meurt de maladie, Lyra décide de prendre la route. Elle choisit de partir avec son frère Desvelado, un frère handicapé mental. Ce sera son fardeau, mais elle avancera.

Savoir quelles histoires raconter

Solo, c’est donc ce croisement entre des personnages animaux proches des cartoons de Disney et le monde de Mad Max. L’espoir ne se trouve pas à tous les coins de rue, les dangers, eux, plus souvent. Lyra s’était montrée un personnage fort de l’univers de la série principale, mais effectivement, son passé n’avait pas été creusé. Oscar Martin aurait pu choisir d’intégrer ces pages, mais elles auraient ralenti la narration, et il n’aurait pas pu développer autant son histoire.

Solo Lyra © Delcourt

Dans Solo Lyra, Oscar Martin développe un récit de solidarité, de loyauté familiale et d’ouverture à la différence. Desvelado s’avère une excellente trouvaille. Il apporte une touche d’humour, d’amour, dans un monde qui en manque singulièrement. C’est évidemment une source de complications pour l’héroïne, une source d’enjeux narratifs.

La bonne association artistique

L’apport de cet album, c’est la collaboration avec le dessinateur Leonel Castellani. Solo Lyra est son premier album publié en France et le niveau de maîtrise est impressionnant. Décors, personnages, l’artiste ne semble avoir aucun point faible. Il sait épurer ses cases pour mettre l’accent sur les actions, autant qu’il ose semer les détails qui apportent de la crédibilité à ses lieux de vie. Son style graphique, très cartoony, avec des lignes fermées assurées, prend parfaitement la suite de celui d’Oscar Martin, tout en laissant présager une belle personnalité, si utilisé pour un univers propre. C’est sans nul doute un artiste à retenir pour l’avenir en bande dessinée européenne.

Lire Solo Lyra sans connaître la série originelle n’est pas un souci. Oscar Martin sait poser des enjeux propres qui font de ce livre un véritable « one shot ». Votre plus gros risque, ce sera d’avoir envie de découvrir la série principale, tant l’univers et Lyra vous auront marqué à votre tour.