Monstres américains

Il pensait fuir le vacarme du passé en se retirant dans les replis silencieux de son île. Mais une invitation inattendue, un billet en poche et le souffle brûlant d’un été new-yorkais vont bientôt le précipiter au cœur d’un mystère. Une femme disparue, un tableau vendu, des vérités dissimulées derrière le vernis du monde...

Après les épreuves traversées dans le premier tome, Ange Leca se retire en Corse, sa terre natale, chez un ami. Profondément abattu, il sombre dans la mélancolie. Désolé de le voir dans un tel état, son hôte lui propose un changement radical : partir à New York pour rencontrer le fils de son ancien associé, détective chez Pinkerton, qui cherche un assistant. En échange de son aide, Ange sera logé et nourri. Un billet en première classe sur le prochain paquebot lui est offert, et c’est ainsi que notre héros débarque dans la Grosse Pomme, en pleine canicule de l’été 1911.

À son arrivée, il se rend chez César, son contact, qu’il découvre entouré d’une femme et d’un jeune garçon vif et débrouillard. Le détective, souffrant d’un mal de dos handicapant, lui confie rapidement les détails de l’affaire sur laquelle il souhaite qu’Ange l’assiste : un homme est sans nouvelles de sa fille, une jeune femme manchote récemment mariée. Elle a été le modèle d’un célèbre peintre américain, et le tableau où elle apparaît vient d’être vendu aux enchères. Le père doute fortement que sa fille ait pu vendre l’œuvre elle-même. Le couple reste introuvable..

Extrait de " Ange Leca T.2 " © Bamboo, 2025 - Graffin, Ropert et Lepointe

Graffin et Ropert, les deux co-scénaristes, signent un nouvel épisode de leur série Ange Leca. Ce tome peut se lire indépendamment, même s’il est recommandé d’avoir découvert le premier volume pour mieux saisir les enjeux. L’intrigue s’inscrit dans un contexte historique extrêmement bien documenté. De nombreux événements et personnages secondaires évoqués dans le récit ont réellement existé. Pour les lecteurs moins familiers avec cette époque, un dossier historique en fin d’album vient utilement éclairer plusieurs éléments de l’histoire. Ce complément est précieux et permet de mieux en apprécier les subtilités.

Le dessin de Victor Lepointe se distingue par sa justesse. Dans un style réaliste, il restitue avec talent l’ambiance du début du XXe siècle. Les costumes, les décors, tout est minutieusement représenté. La mise en page, soignée, rythme efficacement la narration : grandes cases immersives pour les lieux, petites vignettes dynamiques pour les dialogues. La palette de couleurs apporte une touche surannée, parfaitement adaptée à cette période de forte chaleur estivale.

L’album se conclut sur une fin ouverte, résolvant l’intrigue principale tout en annonçant une suite à venir, cette fois en Angleterre. Un troisième tome que nous lirons avec grand plaisir.