DogHead - T1

23 ans après le dernier numéro de Weasel, Dave Cooper revient à la BD, en très grande forme, avec un nouveau titre anthologique. On découvre ainsi deux récits, assez différents dans l’esprit, mais avec ces atmosphères dérangeantes propres à l'artiste.

Tout droit issu de la scène indé US des années 90, Dave Cooper a rapidement développé un style visuel unique, combinant des fantasmes érotiques tordus et des personnages caricaturaux grotesques aux allures de cartoon. Toutefois, cette esthétique unique captive par son charme surréaliste. Elle évoque un univers peuplé de créatures étranges évoluant dans des décors organiques et suscitant notre curiosité, comme on a pu le voir en 2016, dans « The Absence of Eddy Table » de Rune Spaans, inspiré d’une série de Cooper.

Dog Head V.1 © Huber

Dog Head 1

Ce premier tome nous présente donc les premières sections de deux histoires qui seront approfondies ultérieurement. Tout d’abord, « L’architecte » : un architecte français est invité au Canada par un jeune amateur fasciné par un article qu’il aurait lu de ce dernier sur le « mouvement métaboliste », ou l'art d'associer des constructions humaines à des formations naturelles.

Puis « La Grande Hiérarchie – La valeur de l’Étalon » : Dans un univers fantastique, Terrario Del Planto, une divinité, l’Étalon, récolte quotidiennement les créatures vivantes qui peuplent la Terre avec l’aide des deux mères nature. Ils extraient du sol les êtres inanimés pour leur insuffler la vie sur un foyer ardent, avant de les soumettre au verdict d'Ultimatü, entité toute-puissante qui détermine le succès ou l'échec de la mission de l’Étalon. Cependant, l’Étrier (symbole du diable) est toujours à l’affût et persiste à corrompre les petites créatures en gestation…

La Cooper’s touch

Deux récits, deux ambiances radicalement différentes, tant dans l’esprit que graphiquement. Dave Cooper prouve ainsi qu'il peut renouer avec le style plus réaliste qu'il avait sur Ripple, avec un trait toutefois moins chargé, tout en gardant son univers imaginatif sans limites chargé de symbolique sexuelle qu’il peut parfois être difficile de décrypter si l’on n’a pas toutes les clés pour y pénétrer.

Habitué à des sorties assez discrètes, dues à la singularité de son œuvre, Dave Cooper a fait l’objet de quelques expositions, à Angoulême notamment, qui ont permis à un nouveau lectorat de redécouvrir la richesse de son travail. Avec Dog Head, il effectue un retour en force à la BD, saisissant et particulièrement impressionnant, présentant une vision généreuse et d’une grande beauté se démarquant par son originalité et la personnalité qui s’en dégage. Une nouveauté à surveiller de près.

Article publié dans le mag ZOO n°104 Mai-Juin 2025