Après nous avoir impressionnés avec les planches de Sandman Ouverture, J. H. Williams III revient en force, aux côtés du scénariste W. Haden Blackman pour une nouvelle série extrêmement riche en références visuelles. Attention les yeux.
Dès les premières pages de cet album, nous découvrons un univers où se connectent une multitude de mondes imaginaires, l’écho de toutes ces aventures oniriques, nourries des contes, des films, des bandes dessinées et autres récits que l’on se racontait en s’endormant. On y croise des pirates, des monstres, des robots, des guerriers, toute une population haute en couleur au milieu de laquelle se faufile Hope Redhood. L’héroïne vient de dérober une mystérieuse pierre au grand méchant de l’histoire, Teros Demond, le sinistre sorcier démiurge qui dirige Echolands. Le principe est désormais simple, il faut récupérer ce qui a été volé, à tout prix.
Devant les mots, les images
Même si l’intrigue reste captivante, rythmée par mille et un rebondissements, des rencontres détonantes et des croisements de récits en parallèle les uns des autres, tout n’est que prétexte pour mettre en avant l’incroyable richesse graphique de J. H. Williams III. Le format à l’italienne, la conception en doubles pages fonctionnant comme une, les idées formalistes où l’artiste joue avec le cadre de ses cases, avec les détails des décors, transcendent complètement la lecture. C’est tout simplement époustouflant.
Echolands, tome 1 © Éditions Panini, 2023
Qu’il s’agisse de Promethea, de Batwoman, de Sandman… il a progressivement construit une œuvre hyper cohérente et exigeante dans sa démarche esthétique, explorant avec beaucoup d’audace et d’originalité les limites de la planche en elle-même, de sa lisibilité. Avec Echolands, il habite littéralement son sujet, Hope et ses amis traversant ainsi l’univers pictural de J. H. Williams III (qui pousse d’ailleurs le vice jusqu’à fournir, dans la version originale, la liste des morceaux qu’il a écoutés en réalisant ses planches, comme il l’avait fait avec Sandman).
Peut-être que cet aspect très démonstratif peut impressionner, malgré tout, il dénote d’un dynamisme créatif qui fait du bien. Cette envie de se surpasser, de pousser ses bases encore plus loin donne un résultat qui laisse sans voix.
Véritable ovni graphique, J. H. Williams III reste plus que jamais un virtuose qui n’a pas fini de nous éblouir.
Article publié dans le Mag ZOO N°92 Mai-Juin 2023