Batman, Année Un. Alors que Bruce Wayne est encore en phase d'apprentissage pour incarner pleinement le Chevalier Noir, Gordon se lance sur la trace d'un mystérieux clown psychotique en pleine folie meurtrière. Ses intentions sont floues, ses mobiles inexistants, et alors que Gotham est plongée dans la peur, Gordon et Batman vont apprendre ce qu'il en coûte de sous-estimer le Joker.
Contenu vo : The Brave & the Bold #1-2, 4-5
Joker The Winning Card : The Winning Card
Julien Di Giacomo, Mitch Gerads, Tom King, Delphine Ribeyre
Série : Joker The Winning CardÉditeur : Urban Comics
Auteur : Mitch Gerads, Tom KingTraducteur : Julien Di Giacomo
Adaptateur : Delphine Ribeyre
Collection : DC Deluxe
Genres : Comics
Prix : 17.00€
- ZOO4.0
Scénario
4.0Dessin
4.0 - Lecteurs3.82 notes pour 0 critique
Le synopsis du comics The Winning Card
Joker, year one
Alors que le jeune Batman démarre à peine sa carrière, qu’il n’a peut-être pas vraiment encore trouvé ses repères, un mystérieux assassin fait trembler Gotham. Il se fait appeler le Joker et le capitaine Gordon ne le prend encore pas trop au sérieux… Il a bien tort.
Initialement regroupée sous forme de chapitres dans The Brave & the Bold 1,2, 5 et 9, cette histoire entreprend de raconter une version disons plus actuelle, voire même plus dure, de la première rencontre entre Batman et son ennemi juré le Joker. Bien d’autres se sont essayé à l’exercice, il suffit simplement de repenser à Killing Joke de Moore et Bolland, mais Tom King, qui a décidément toutes les audaces, décide de faire abstraction de tout ce qui a précédé pour donner sa propre vision.
Scénario tendu
Nous nous retrouvons donc quelques années en arrière, alors que Batman n’est qu’un héros débutant, aux méthodes pas très catholiques et à la présence fortement contestée par les forces de l’ordre. James Gordon n’est alors qu’un banal Capitaine qui se retrouve convoqué par un puissant notable. Ce dernier lui signale une lettre de menace qui annonce qu’il va être à la fois cambriolé et tué dans la soirée. Le policier n’a pas encore l’habitude de la ville, il n’a malheureusement pour lui pas eu le loisir de lire les multiples scénarios qui vont décrire plus tard les exploits du Dark Knight, il prend donc cette histoire de lettre à la légère et découvre, bien trop tard, que tout va se dérouler comme annoncé. Et qu’en plus, ça n’est que le début…
On n’est décidément plus dans les comics des années 80, avec des bang bang et autres effets de fumée, cette fois, le Joker fait preuve d’une extrême violence, parfois bassement gratuite, il n’est paradoxalement pas là pour… rigoler.
© Urban Comics
Batman forever
Tom King s’est toujours intéressé à la mythologie Batman. Il a longtemps été le scénariste de la série éponyme, il est aussi régulièrement revenu sur cet univers, que ce soit par le biais de la relation entre le héros et son grand amour Catwoman, ou par ses ennemis (le Riddler, le Pingouin…) Il aime remodeler ce monde de la nuit qui lui permet d’explorer la psyché de cette faune disparate et particulièrement dérangée. Il semblait évident qu’à un moment, il allait revenir sur son double machiavélique, le fameux prince du rire et des battes cloutés en pleine mâchoire, le Joker himself.
Très vite, il apparaît clairement que King ne va pas s’empêtrer d’une quelconque idée de continuité, ni même de ce qui a pu être progressivement construit autour des deux personnages, pour se concentrer sur sa propre « voix ». Évidemment, les plus conservateurs, amoureux des détails qui doivent coïncider, ont vite tiqué, comme ce fut déjà le cas avec Gotham City, Année une. On comprend que cette liberté prise sans complexe peut agacer, après tout c’est la marque de cette génération de scénaristes qui a pris les rênes de Marvel et DC depuis les années 2000.
Néanmoins, il est vain de se complaire dans un cahier des charges trop rigide, l’histoire est à prendre pour ce qu’elle est, c’est à dire le Joker Year One version King, rien de plus. Débarrassé ainsi des états d’âme du fandom, l’intrigue est plutôt bien menée et extrêmement bien rythmée, avec un travail sur les psychologies très approfondi.
Système saturé
Toutefois, on a aussi la très nette impression que King arrive à la limite de son système narratif, de ses propres codes d’écriture, au point d’en devenir une caricature de lui-même, avec cette démonstration qui synthétise trop ouvertement tous ses tiques d’écriture, qui se répètent encore et encore. Que ce soit les gaufriers à répétition, les voix off en décalage, d’installer le Joker en véritable maître de cérémonie, du début à la fin, pour que finalement Batman ne soit qu’un élément du décor, sans réelle prise sur tout ce qui se passe.
Le scénariste ne se remet plus en question, assuré que sa recette fonctionnera toute seule, même si elle reste malgré tout l’une des plus personnelles du moment.
De son côté, Mitch Gerads démontre, s’il en est encore nécessaire, qu’il évolue graphiquement de façon exceptionnelle. Ses compositions restent magnifiques, ses cadrages sont d’une incroyable précision, on reste bouche bée devant certaines pages qui sont particulièrement impressionnantes. Un artiste qui ne cesse de nous fasciner au fil de ses prestations.
Un album qui ne laisse pas indifférent, très vivement conseillé.