Remender, Wes Craig profite de cette dynamique pour se lancer sur sa première série en solo, Kaya, une passionnante épopée fantastique sur fond postapocalyptique.
Désormais en exil, suite au massacre du palais Kahaka, le jeune prince Jin et sa demi-sœur Kaya ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes dans ce paysage désertique, entourés de mille et un dangers. Heureusement pour eux, ils finissent par tomber sur Seth et sa troupe de lézardiers qui acceptent, non sans mal, de les mener avec eux en lieu sûr. Cependant, le voyage est éprouvant, d’autant qu’ils doivent affronter le redoutable Magron, une monstrueuse bête qui ressemble à une araignée géante et qui décime les troupeaux alentours… Et ça n’est que le début.
De l’action et des pauses
Wes Craig dose extrêmement bien sa narration. Certes, il fait avancer très significativement son récit, avec pas mal de rebondissements et une vraie évolution dans l’intrigue générale, mais en parallèle, il s’octroie assez d’espace pour prendre le temps de développer ses personnages, les liens qui se construisent entre le frère et sa demi-sœur, entre Kaya et Seth, ou même les doutes de Jin sur sa destinée de futur sauveur… Et c’est, je pense, tout ce qui fait le charme de cette nouvelle série, ce sentiment de ne pas perdre notre temps, mais d’avoir aussi la matière pour rendre attachant tout ce petit monde, avec des enjeux qui évoluent eux aussi au fil de leurs aventures.
Kaya T. 1 © Urban Comics
Ainsi, Craig construit tranquillement son univers en ne révélant pas tout de suite tous les ressorts de son histoire, ni le passé des protagonistes, afin de garder aussi du background pour la suite. Cela fonctionne très bien.
C’est une série prévue pour du long cours, ça se sent tout de suite, donc c’est normal aussi que l’on n’ait pas tout d’un seul coup. Craig révèle déjà pas mal de choses dans ce premier volume, suffisamment pour amener une progression narrative très intéressante, mais il n’hésite pas à amener de la respiration en même temps.
Un bel équilibre dessin/couleur
Graphiquement, l’artiste nous livre une très belle proposition, avec ce qu’il faut d’épure, surtout dans les décors, aurait-on envie de rajouter, magnifiquement équilibrée par le travail aux couleurs de Jason Wordie qui ajoute de la matière, des ambiances vraiment très belles. Le trait de Craig est néanmoins très contrasté, à la base, tout en laissant la place à ces couleurs d’exprimer la lumière, la chaleur etc.
Une superbe homogénéité qui transcende littéralement le récit lui-même.
Ce premier volume de Kaya va peut-être passer inaperçu, au milieu des multiples autres sorties, et malgré son prix attractif, toutefois, je vous conseille de vous laisser entraîner dans cette aventure qui promet d’être passionnante.