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couverture de l'album

Série : Nexus OmnibusTome : 2/2Éditeur : Delirium

Scénario : Mike BaronDessin : The dudeTraducteur : Alex Nikolavitch

Genres : Aventure

Public : À partir de 12 ans

Prix : 39.00€

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    note Zoo5.0

    Scénario

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    Dessin

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Le synopsis du comics

Bienvenue au Vingt-Cinquième siècle aux confins de la galaxie, sur la lune d’YLUM, repaire du tout-puissant NEXUS. Investi de pouvoirs extraordinaires, il a pour obligation de traquer les criminels de guerre et assassins de masse, et les éliminer. Ce nouveau recueil inédit vous permettra de découvrir une saga incontournable dans l'histoire de l'existence tourmentée d'Horatio Hellpop. Pour échapper aux terribles cauchemars au cours desquels il revit les atrocités commises par ses prochaines cibles et espérer retrouver une existence paisible, le bourreau Nexus se tourne vers la seule solution possible : se faire poser un implant au cerveau ! Cet implant empêchera les rêves qu'Horatio endure depuis des années. Mais à quel prix ? Son comportement change…


Héros, ou peut-être autre chose

Aux confins de l’univers, sur Ylum, l’une des deux lunes de la planète Marlis, vit Horatio Hellpop, plus connu sous le nom de Nexus, dont le rôle est d’éliminer tous les grands criminels que lui désigne, dans ses rêves, une mystérieuse entité. Pourtant, un jour, le héros s’interroge. N’est-il vraiment rien d’autre qu’une arme destructrice, dépendante de ses pouvoirs, de cette volonté « supérieure » ? 

Le premier volume de Nexus Omnibus nous présentait un héros d’un autre genre, plus pro-actif que ce qu’on a l’habitude de voir dans les comics. En effet, il n’est ici pas question d’attendre de recevoir la première claque pour réagir, mais d’aller juger et sanctionner, suivant les cibles qui lui apparaissent en rêve, des criminels de haut vol, ceux qui commettent des génocides, qui forcent des populations entières à l’esclavagisme, ou qui sont prêts à condamner des planètes à l’extinction par pur profit.

Nexus est tout puissant, rien ne peut entraver ses missions. Il intervient, exécute les tyrans et autres dictateurs Sov sans se poser de questions. À chacun de ses retours chez lui, il se ressource dans son bain spécial, mais appréhende ces moments où il va devoir s’endormir, où il va avoir droit à de nouvelles visions, avec cette voix qui lui ordonne sans plus attendre de repartir… Petit à petit, s’insinuent la douleur, les souvenirs de ces regards apeurés et ce sentiment de ne pouvoir échapper à ces meurtres incessants.

Avec ou sans pouvoirs

Au début de ce tome, Horatio décide de ne plus répondre à ces appels, il s’isole avec quelques compagnons profiteurs et glisse dans une sorte de dépression malsaine, désillusionnée. Loin de cet adage martelé depuis des lustres par certaines icônes de Marvel, « À grands pouvoirs, grandes responsabilités », il démontre surtout qu’au-delà d’un rôle d’exécuteur et de la légitimité de ces missions, il reste un homme qui prend conscience de se perdre à travers ce rôle ou on ne lui demande rien d’autre que de tendre le doigt et pulvériser ses victimes.

Malgré tout, il a progressivement établi une vraie dépendance vis-à-vis de cette extraordinaire puissance, et pour ne pas ressentir ce manque, pour ne plus entendre ces visions, il se perd dans un monde de stupéfiants. Mais cette période est de courte durée, très vite, il se reprend en main sans toujours bien comprendre comment tout ça fonctionne.

Pendant ce temps, l’armée Sov voit d’un mauvais œil ces innombrables migrants qui souhaitent trouver refuge sur Ylum, havre de paix et de liberté, loin des régimes totalitaires qui s’étendent dans la galaxie. Il est donc décidé d’aller faire le siège de la petite lune. Le conflit menace la tranquillité d’Horacio et des siens.

De son côté, décidant de connaître une bonne fois pour toutes les secrets qui se cachent derrière les cauchemars de son fiancée, Sandra Peale découvre, profondément enfouie sous la surface de la lune, une entité nommée le Merk, qui transmet ses consignes oniriques à Nexus en amplifiant ses pouvoirs, chaque fois que ce dernier accomplit une nouvelle exécution pour lui…

Nexus Omnibus

Nexus Omnibus © Delirium

Soap galactique for mature readers

Si ces conflits intérieurs restent au centre de l’intrigue générale, Mike Baron et Steve Rude développent au fil des épisodes un univers complexe, avec un cadre politique très précis, où se croisent une multitude de personnages qui viennent donner de plus en plus de relief à l’ensemble. Qu’il s’agisse de Sandra elle-même qui prend un peu de distance avec Ylum et l’homme qu’elle aime, l’ambassadrice Imada, manipulatrice dans l’âme qui a réussi à avoir deux filles d’Horacio qu’elle vient lui présenter, sans oublier ces innombrables réfugiés qu’il faut gérer au fur et à mesure qu’ils se présentent ou qui attendent en orbite, chaque étape participe à construire une série passionnante, pleine de rebondissements, qui s’inscrit sur la durée, mais qui questionne le concept même du héros face au monde et face à lui-même.

Nexus apparait ainsi comme le libérateur des opprimés, tout en portant le poids de ses pouvoirs comme une sorte de malédiction obligatoire dont il va avoir du mal à se débarrasser. Les auteurs s’affranchissent alors des codes du comics traditionnel en proposant une approche résolument plus adulte dans les intentions. Baron s’applique à décrire un univers manichéen où certes il y a les méchants Sov et le gentil sauveur d’Ylum, toutefois, le véritable intérêt de cette lecture va venir de la profondeur des différentes personnalités, des échanges qui donnent du relief à l’ensemble.

Esthétisme raffiné

Sur ce point, Steve Rude ajoute une subtilité très importante, dans le jeu des regards, la gestuelle naturelle de ses personnages, son art du cadrage, de la mise en scène… Une vraie sensibilité exacerbée par la finesse de son dessin, magnifiquement accompagnée par les encrages d’Eric Shanower. Il inscrit son trait dans la continuité des grands maîtres comme Russ Manning ou Alex Toth, un soin esthétique délicieusement rétro qui valorise les expressions et la grâce des mouvements. On tombe avant tout sous le charme de ces très belles planches et la vie qui se dégage de ces visages, des détails du background. Nexus est avant tout un plaisir des yeux.

Si ce second volume amorce une étape cruciale dans la série, il démontre aussi l’importance d’une œuvre qui va marquer l’histoire des comics des années 80. Définitivement devenu un classique du genre, Nexus reste une référence qui n’a pas pris une ride dans sa modernité et la pertinence de son propos.

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