Alors qu’il tente d’aider une jeune femme miraculeusement rescapée d’un étrange accident, un chauffeur routier découvre qu’ils viennent de glisser dans une dimension cauchemardesque, miroir déformant de leur propre réalité…
On connaît bien Jeff Lemire, scénariste dessinateur extrêmement prolifique, qui a su réconcilier la critique et le grand public autour d’une oeuvre certes inégale, mais tout en fulgurances et en sensibilité. Pour Phantom Road, il s’associe avec le dessinateur Gabriel H. Walta, pour proposer une sorte de Road Story poussiéreuse, sur fond de dimension parallèle.
Pour le héros, Dom, la route est encore longue, il est fatigué et manque soudain d’emboutir une voiture accidentée. Il s’arrête et trouve sur les lieux la jeune Birdie sous le choc. Non loin de là, un étrange objet l’intrigue. Au moment où il le touche, ils se retrouvent instantanément tous les deux projetés dans une version alternative de leur monde, parcourue par des silhouettes monstrueuses qui les attaquent. À partir de ce postulat, Lemire nous entraîne dans un récit haletant dont il brouille systématiquement tous les repères. On avance sans trop savoir où le scénario va nous emmener, multipliant les réponses qui n’en sont pas vraiment à des questions que l’on peine à formuler.
Ce premier volume plante le décor, les enjeux et pose les personnages récurrents. Toutefois, la recette semble aussi trop évidente, une bonne idée de départ, du savoir-faire pour digresser suffisamment et nous tenir en haleine, avec de l’action et des séquences plus dialoguées. Cependant, le scénariste reste adroit dans ses dosages narratifs, donne de l’épaisseur à ce petit monde, fait monter la tension et le mystère qui enveloppe la moindre scène. On est intrigué du début à la fin.
De son côté, Gabriel H. Walta, accompagné par les couleurs de Jordie Bellaire, offre des planches au style rêche, mais expressif, servies par des teintes poussiéreuses au possible qui ajoutent une très belle cohérence au récit. Une performance artistique qui sublime les ambiances étranges qui se dégagent de l’album. Sans être la surprise du moment, Phantom Road plante le décor d’une série loin d’avoir révélé ses secrets
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