Créée en 1984 par les Japonais Takara Tomy et les Américains Hasbro, la franchise de jouets Transformers a rapidement été un succès, se déclinant dans la foulée en comics chez Marvel, en dessins animés, en jeux vidéo et, depuis quelques années, en films. Elle est aujourd’hui au cœur d’un projet d’univers partagé très ambitieux qui démarre avec cette nouvelle série.
Après 10 ans d’exploitation d’une série qui a compté 80 épisodes, quand même, et une première tentative de reboot en 93, avec le projet Generation 2, Marvel finit par abandonner plus ou moins l’univers Transformers, jusqu’à ce qu’il soit racheté par Dreamwave en 2003, puis en 2005 par IDW. Les comics ont ainsi réussi à négocier le tournant des années 2000, avec un univers redynamisé plus complexe qui a ensuite inspiré la série de films, à partir de 2007.
Pourtant, en 2023, le studio de Robert Kirkman, Skybound Entertainment, récupère pour le compte d’Image, l’ensemble de la franchise et entreprend d’établir un tout nouvel univers partagé, intitulé Energon Universe, y associant les licences Transformers et G.I. Joe, ajoutant dans la foulée une nouvelle série originale intitulée Void Rivals. L’idée est alors de progressivement constituer un corpus plus cohérent, tout en reprenant l’ensemble à zéro.
Et, pour commencer en beauté, il est décidé de relancer une nouvelle série Transformers par la star montante du moment, Daniel Warren Johnson lui-même.
On reprend depuis le début
Pour ce premier volume (qui réunit les 6 premiers épisodes) le principe est plutôt simple. On replace l’arrivée d’Optimus Prime, des autobots et, bien sûr, de leurs adversaires Starscream et ses Decepticons sur Terre, on amène deux humains ordinaires, Spike et sa copine Carly qui vont servir de passerelles avec les géants transformistes et on lance les enjeux dès les premières pages. Il faut empêcher Starscream de détruire Optimus Prime et ses alliés, et surtout, lui barrer la route définitivement. Il en résulte un scénario haletant, bourré d’action, de planches assez impressionnantes, nourries d’explosions, de plongées vertigineuses et de multiples courses poursuites à couper le souffle.
Transformers T. 1 © Urban Comics
On a, malgré tout, l’impression de replonger dans le premier film, avec une intrigue presque identique, tout du moins dans les intentions. Il y a néanmoins plus de violence, globalement, moins de chichis et de tergiversations inutiles. On entre au cœur du conflit qui déborde très vite, avec des forces surdimensionnées qui s’opposent, contre lesquelles les êtres humains ne peuvent finalement pas grand-chose. Si ce premier arc ne prône pas l’originalité, qu’il se concentre sur les bases et les liens qui se tissent avec les humains, Warren Johnson s’attache toutefois à développer des caractéristiques assez touchantes, même au sujet des robots eux-mêmes. Il gère très justement les interactions, et plus particulièrement Spike, son père, ou même Carly qui contrebalancent tout ce qui se déchaîne autour d’eux par leur humanité, le sens de l’amitié ou les liens de sang.
La bonne surprise
D’un point de vue purement scénaristique, ce premier volume n’est pas vraiment exceptionnel, mais il se révèle intéressant dans le traitement des personnages et dans la dynamique que leur insuffle Warren Johnson. Le trait de l’artiste, cette énergie incroyable, transcendent complètement la moindre scène et font de cette lecture un excellent moment « pop-corn » que les fans et même les autres devraient pouvoir apprécier. Quand bien même on pourrait ne pas être initialement fan de cet univers.
Car, même si on voit bien qu’il est plus en retenue vis-à-vis de cet univers très codifié, il fournit des pages absolument magnifiques, très enlevées, avec ces explosions dans tous les sens, sans pour autant en oublier des scènes plus calmes, voire même, intimistes.
Contre toute attente, ce premier volume demeure une belle surprise qui vaut largement le coup de dépasser quelques malheureux à priori.