Walking Dead - Clementine - T1

Toute droit issue de la version jeu vidéo de The Walking Dead par Telltale, Clementine fait ses premiers pas sur format papier, par le biais de ce premier volume, sur trois, concocté par Tillie Walden, une des étoiles montantes de la scène américaine.

L’action de ce volume commence après la quatrième saison du jeu, Clementine a enseigné tout ce qu’elle savait au jeune AJ, il est alors temps pour elle de tracer sa voie, de partir quelque part vers le Nord, loin d’ici. Elle a vu tant de ses amis et proches mourir, depuis que Lee l’a jadis recueillie, qu’elle veut s’isoler. Désormais livrée à elle même, face à la nature sauvage et tous les infectés qu’elle peut dégommer, elle entame une longue quête pour se retrouver et revenir à l’essentiel.

Sur la route, elle brise sa jambe de bois, croise une communauté Amish qui accepte de l’aider en la dotant d’une prothèse rudimentaire et finit par rencontrer le jeune Amos qui entreprend de rejoindre un campement dans le Nord. Ils décident de faire route ensemble, Même si la jeune fille est loin de trouver l’idée enthousiasmante.

Walking Dead - Clementine T01 © Delcourt, 2023

Newbie or not newbie ?

Même si Tillie Walden glisse, à l’occasion quelques références deçi delà, on peut très bien appréhender le récit sans forcément connaître le passé de l’ado, qui nous est toutefois chuchoté à l’oreille par des flash-back résiduels qui nous donnent l’essentiel. L’autrice se concentre sur le moment présent, l’aventure, les rencontres et les dangers qu’affrontent la jeune héroïne et tous ceux qui se présentent à elle.

Qu’il s’agisse du voyage avec Amos, de leur arrivée au camps sous le regard méfiant des jumelles qui les accueillent ou du climat extrêmement rude qui ne laisse qu’assez peu de répits, rien ne leur est véritablement épargné. Tillie Walden construit une intrigue dense qui insiste sur les tensions permanentes qui viennent rythmer chaque page. L’environnement est agressif et la cohabitation se fait de plus en plus difficile, transformant le récit en une sorte de huis clôt anxiogène.

La recette Walking dead

L’écriture est d’une grande finesse, sans pour autant tomber dans la facilité. Il n’est ici pas question de s’appesantir sur des grandes plages de pathos, le monde dans lequel tout ce petit monde évolue ne laisse pas beaucoup de place pour les grands sentiments. Malgré tout, plus on avance, plus on s’attache à cette héroïne qui s’affirme et qui se révèle à la hauteur des épreuves qu’elle doit traverser (notamment une séquence très éprouvante, au fond d’un précipice…)

En contre partie, depuis la création de la série « mère » par Kirkman, l’accent est bien plus mis sur la psychologie des personnages, leur interconnexion et leur façon de gérer ce nouveau paradigme dans lequel ils ont plongé, malgré eux. De ce point de vue là, Tillie Walden colle parfaitement à ce modèle narratif en nous proposant une intrigue très riche en émotion, mais également suffisamment ouverte pour donner très envie de surveiller la suite. Le tout autour d’une jeune héroïne qui bouscule quelque peu les schémas habituels pour ce genre de récit. 

Walking Dead - Clementine T01 © Delcourt, 2023

Une révélation ?

C’est une très bonne surprise.

Car même si Tillie Walden n’est pas vraiment une nouvelle venue, on peut dire que la carte Walking Dead va permettre à un plus large public de découvrir rétroactivement ses œuvres précédentes. Et pas seulement pour la qualité du scénario, mais aussi par la beauté de sa prestation graphique. Ses planches en noir et blanc sont vraiment superbes. Un style brut, sans chichi, qui colle parfaitement à la rudesse du récit.

Le second vient juste de paraître aux Etats Unis. On devine aisément que Delcourt est sur les starting block pour continuer l’aventure.