L'Association

Le Gull Yettin
Il existe probablement mille façons de raconter un livre de Joe Kessler. Pour en apprécier la lecture, il faut accepter de s'abandonner aux couleurs flamboyantes ainsi qu'à la narration effrénée et énigmatique de ses récits. Etonnant mélange d'éléments prosaïques et mythiques, The Gull Yettin, récit entièrement muet, nous propulse dans un univers à la fois magique et familier. The Gull Yettin met en scène l'esprit d'une mouette, un petit enfant et une femme. On y trouve une explosion, un fleuve de lave, un grand oiseau dégingandé et inquiétant, au pelage moucheté et au chapeau de paille, du pipi sur une cuvette, un voyage en train, de la vengeance, une bande de gamins, une nature enchanteresse, des vagues, de la cruauté et de la tendresse. Utilisant tantôt le feutre, le crayon, l'ordinateur ou l'aquarelle, Joe Kessler mêle les techniques, dans un style expressionniste et débridé, pour évoquer ici la course d'un enfant, là le reflet d'un train dans les méandres d'une rivière, les étincelles d'une explosion ou l'éclat rassurant d'une fenêtre dans la nuit. Il signe avec The Gull Yettin une balade sensorielle et envoûtante au rythme enlevé.

Sous le trottoir

Ultra secret

Maxiplotte
Il est rare qu’un auteur de bandes dessinées ayant officiellement arrêté d’en faire vingt ans auparavant continue à avoir une influence considérable. Cela devient exceptionnel lorsqu’il s’agit d’une autrice. C’est pourtant bien le cas de la québécoise Julie Doucet, active entre 1987 et 1999, à une époque où les dessinatrices n’étaient pas légion, surtout à se situer sur un terrain briseur de tabous et féministe à la fois. Julie Doucet fait aujourd’hui figure de mythe. Les éditions Drawn & Quarterly à Montréal la rendront célèbre à partir de 1990 avec le comic-book Dirty Plotte, que Julie avait commencé seule en tant que fanzine. En France, c’est en majeure partie à L’Association que l’on doit la publication de son travail : elle est présente dès 1990 dans le tout premier collectif de la structure, Logique de Guerre Comix. Puis ce sera Ciboire de Criss ! en 1995, déjà un recueil de fragments, et quatre autres livres.
La conception éditoriale et graphique de Maxiplotte a été réalisée par Jean-Christophe Menu, premier éditeur de Julie Doucet en France et co-fondateur de L’Association, en étroite collaboration avec l’autrice québécoise. Véritable panorama de l’évolution de son travail, Maxiplotte rassemble des travaux réalisés au cours de ses douze années d’activité d’autrice de bande dessinée. S’y déploie une œuvre à la fois subversive, féministe et fantaisiste. Julie Doucet évoque crûment et avec humour la vie du corps – des règles au désir sexuel en passant par les crottes de nez – les stéréotypes de genre, ses expériences de jeune femme, sans oublier sa vie onirique qu’elle relate abondamment. En noir et blanc, les récits s’épanouissent au fil de cases aux décors minutieusement élaborés, peuplées de personnages aussi insolites qu’attachants.
Cette anthologie de 400 pages comporte, outre la totalité des histoires issues des recueils Ciboire de Criss ! (L’Association, 1996), Monkey and the Living Dead (L’Association, 1999), tous deux épuisés, et quelques récits extraits de Changements d’adresses (L’Association, 1998), des pages de carnet extraites de son journal intime au tournant des années 80 et 90 ainsi que des reproductions des couvertures du légendaire Dirty Plotte, de divers fanzines et éditions internationales. Soit plus de 200 pages d’inédits dont près de 40 en couleurs. À cela, s’ajoutent une introduction de Jean-Christophe Menu, ainsi que la retranscription d’une passionnante interview de Julie Doucet avec le journaliste spécialiste de bande dessinée Christian Gasser. Incontestablement, Maxiplotte fait partie des ouvrages de référence de la bande dessinée alternative de ces trente dernières années.

Richard et Dieu
Après avoir aidé un conducteur à ne pas emboutir la voiture derrière lui, Richard accepte aimablement de l’aider à porter un carton. Tout se passe au mieux, jusqu’à ce que l’homme commence à prétendre être Dieu en personne… Le cinquième épisode que Lewis Trondheim consacre à Richard, le fidèle compagnon de Lapinot, pour une Patte de mouche exceptionnelle de 32 pages sans augmentation de prix.

Le sel et le ciel
"Il sera une fois une mer asséchée, dont le sel aura brûlé tous les regards. ".

Midi à quatorze heures
Afin d'impressionner Camille, l'ex-bibliothécaire désormais reconvertie en éditrice d'Un peu d'amour, Lapinot se toque d'enrichir son vocabulaire de mots rares et désuets. Le ciel de leur amour serait sans nuages, si l'ironie caustique de Richard ne venait pas s'en mêler... il n'est décidément pas toujours aisé de conjuguer amour et amitié ! Présentations à la belle-famille, art conceptuel, histoire familiale, assassinat politique, Midi à quatorze heures tisse les histoires et les thèmes pour mieux nous plonger dans le quotidien - toujours aussi mouvementé - de notre héros à longues oreilles. Un sixième tome à gobichonner sans modération.

Dans ma bulle
Tofépi manque le train qui devait lui permettre de se rendre à l'enterrement de sa grand-mère. Qu'il en soit ainsi, il décide – un poulet dans le sac à dos - de voyager par ses propres moyens. Sa grand-mère aurait approuvé !

Monsieur Tortue
Les tribulations d'une tortue narcoleptique et gourmande à travers les millénaires. Une fable sur l'inconséquence humaine.

Richard dans la salle d’attente
La patience, Richard, c'est pas son fort. Alors, quand il se retrouve en salle d'attente chez le médecin, il passe le temps à sa manière...

Les fleurs de cimetière
A l'aube de ses 80 ans, le dessinateur Edmond Baudoin se lance dans la réalisation de ce livre qu'il porte en lui depuis longtemps. Le titre est sans équivoque : Fleurs de cimetière. Une longue et ambitieuse autobiographie qui se déroule au fil de pages composites, denses, où l'évocation des moments passés se mêle aux commentaires rétrospectifs, aux citations d'écrivains admirés ou aux portraits de l'artiste réalisés par des proches. Edmond raconte son père, sa mère, le temps de l'enfance, passée à dessiner aux côtés de Piero, son frère admiré. Remontant le fil des années, il évoque une existence vorace de liberté, qui n'obéit qu'à une seule boussole, le dessin, la peinture, l'écriture. L'auteur déplie ses contradictions, expose ses relations familiales et tente de disséquer, incertain, son rapport aux femmes. Vaste ouvrage à la narration audacieuse, Fleurs de cimetière semble suivre les courbes de la mémoire et ses mystères. Les époques, les personnages se côtoient au grès de pages-collages foisonnantes. Comme si Edmond souhaitait pouvoir tout réagencer une dernière fois. Car dès les premières pages, l'artiste prévient : j'écris sur quelqu'un qui va mourir inabouti.

Polypolaire
Que ferions-nous si nous pouvions migrer à volonté d'un corps à un autre ? Un récit d'anticipation loufoque au rythme enlevé signé Olivier Texier.

Richard au cimetière
Si Richard aime taquiner les gens, il est surtout extre?mement joueur. L'histoire d'une visite au cimetie?re qui de?rape.

La Grimace
La rue Thiers, celle qui fut jadis, au temps des usines, l'une des plus bruyantes de Longwy, est désormais silencieuse. Dans une maison, à l'abri d'une fenêtre, protégé par le temps qui s'est écoulé, Vanoli découvre les silhouettes fantomatiques de ses camarades d'enfance dont les visages grimaçant le plonge dans son passé. C'est à un voyage dans le temps doux-amer que nous convie Vincent Vanoli. Doux parce qu'il a la saveur de l'enfance, du temps suspendu qu'étire la contemplation des escargots dans le potager. Doux encore, comme le "lait-lait" que l'on boit avec les copains tandis que la maison familiale avec son grenier, ses passages secrets et ses escaliers offre un terrain de jeux et d'aventures hors-pair. Un monde archaïque qui pourtant va peu à peu se craqueler et révéler son impermanence... Les relations sociales se compliquent, le cocon familial laisse apparaître des dissensions, tandis que sévit, dans le bassin lorrain, la crise de la sidérurgie. Vanoli en est conscient, le temps qui passe sédimente et déforme les souvenirs, estompant certaines expériences pour mieux en révéler d'autres qui s'agrègent, formant une mythologie personnelle. Avec son dessin expressionniste et texturé aux mille nuances de gris, ses personnages sautillant, Vanoli nous immerge avec un humour grotesque dans son enfance lorraine. Un récit tournoyant aux allures de songe.

Richard et les enfants d'Abraham
Dans la rue, une militante hèle Richard pour plaider la cause palestinienne. S'ensuit une discussion mouvementée au cours de laquelle Richard prend un malin plaisir à la faire tourner en bourrique...

Richard et les quasars
Richard relit la bande dessinée d'un de ses amis. Une mission qu'il prend très au sérieux... trop peut-être ? Le portrait grinçant de Richard en troll jusqu'au-boutiste.

Littoral
Littoral Un oiseau s'introduit par la fenêtre de la chambre d'une souris et lui tend une cassette VHS. Ni une ni deux, le mammifère aux rondes oreilles s'installe, un café à la main devant sa télévision - en réalité un ravissant théâtre miniature - pour visionner le film. Les images défilent, découvrant la vie de Joseph, jeune père à tête de renard qui travaille dans l'animation à New York et de Paul, son fils. Nous voilà embarqués pour un voyage dans le temps et l'espace, qui nous mènera des deli de Brooklyn aux briques rouges de Roubaix, de la vie à deux dans un étroit appartement new-yorkais au quotidien d'une famille recomposée dans une maison du nord de la France. Chronologique et elliptique, Littoral se déroule comme un film familial dont les images, capturées sur plusieurs années, s'altèrent parfois - cassette VHS oblige. Les épisodes présentés forment un collier de souvenirs sur lesquels Antony Huchette, avec son trait expressif, ses motifs et sa ronde de personnages à tête d'animaux, dépose une lasure douce et magique.

L'apocalypse joyeuse
Lapinot, le bras plâtré est face à un nouveau dilemme : doit-il ou non porter plainte contre les parents qui l'ont injustement tabassé dans un jardin public, après l'avoir pris pour un pédophile ? Tiraillé entre son besoin de justice et son empathie pour les familles de ses assaillants, Lapinot part se mettre au vert avec Richard. Une retraite compliquée, puisqu'une météorite s'écrase sur le capot de la voiture, alors qu'ils font une pause sur le parking d'un supermarché... et les ennuis commencent ! Bastons, appât du gain, courses-poursuites en forêt, collapsologues barrés... Lapinot et Richard ne sont décidément pas au bout de leurs peines. Toujours en phase avec les obsessions de ses contemporains, Lewis Trondheim signe ici un nouvel album au goût musqué d'apocalypse, comme un mode d'emploi pour survivre en riant en milieu hostile, le cinquième de la série triomphante Les Nouvelles Aventures de Lapinot à L'Association.

Shanghai Chagrin

Mon Lapin Quotidien N° 15, hiver 2020
Lapin est la revue de L'Association depuis 1992. Son labo, sa danseuse, son terrain de jeu. Au fil de ses diverses formules, une foule d'auteurs, aujourd'hui acclamés par la critique et réclamés par le public, a pu y faire (outre nombres d'entrechats, bonds spectaculaires, et autres sauts périlleux) des premiers pas de géants pour l'humanité. Avec Mon Lapin Quotidien, c'est un nouveau paradigme. Tout en restant, techniquement, une revue, Mon Lapin Quotidien ressemble à s'y méprendre à un journal... qui parait tous les trois mois. Et qui ne se contente plus de la bande dessinée. MLQ, sur ses 12 ou ses 16 pages grand format (41 x 58 cm), s'est ouvert tous azimuts et notamment à ce que la littérature compte de plus huppé en termes de plumes. Dans ce chaos apparent - mais parfaitement maitrisé par un Rocco aux manettes de la maquette - le lecteur, sidéré par ce déferlement jubilatoire de textes, de typos, de dessins et de bandes dessinées, aura toutes les peines du monde, dorénavant, à faire encore confiance à ses yeux... On en a plein les mains, on en prend plein la gueule, on ne saurait en sortir indemne. Quentin Faucompré et Killoffer en sont les rédacteurs en chef.

Cascade
Quel est le point commun entre Galilée, Robert Bresson, Ettore Sottsass, saint François d’Assise et Robert Walser ? Rien a priori, si ce n’est de se retrouver convoqués ici. Réflexions métaphysiques, bribes de souvenirs, références au cinéma et à la littérature s'y trouvent mêlées.

Un peu d'amour - 1e édition

Mon Lapin Quotidien N° 14
Pour son numéro 14, MLQ décide de célébrer, à la lueur des étoiles et à grand fracas : LA NUIT ! Après un numéro 13 marqué par le fascisme, le nazisme et le macronisme, voici venu le temps de la nuit. Non pas celle des longs couteaux, ni de cristal (encore que...), mais la nuit tendre, la calme nuit, la sage nuit réparatrice et qui porte conseil, celle qui fait repartir de plus belle. Et aussi les autres nuits torrides et envoutantes qui, parait-il, sont au bas mot mille et une, dix-mille et une, cent-mille et une. Une infinité et une ! Mais si vous ne jurez que par le jour, alors, réjouissez-vous, car ce numéro nocturne de 16 pages sera en outre accompagné d'un supplément JOUR de quatre pages ! Avec, en bonus, pour le bonheur des pupilles et pour le même prix : une bichromie bleue nuit. Suite au numéro 13 et à la fusion cosmique Faucompré / Killoffer aux manettes du journal - et toujours avec Rocco aux manettes de la maquette, qu'on se rassure ! - de nouvelles recrues atterrissent sur la planète MLQ. Parmi elles Anna Haifisch, Charles Pennequin, Maïté Grandjouan, David Dufresne, Nathalie Quintane, Hector de la Vallée, Fantazio, Martes Bathori, Mrzyk & Moriceau, Baptiste Virot, etc

Pack en 5 volumes
Pour son numéro 14, MLQ décide de célébrer, à la lueur des étoiles et à grand fracas : LA NUIT ! Après un numéro 13 marqué par le fascisme, le nazisme et le macronisme, voici venu le temps de la nuit. Non pas celle des longs couteaux, ni de cristal (encore que...), mais la nuit tendre, la calme nuit, la sage nuit réparatrice et qui porte conseil, celle qui fait repartir de plus belle. Et aussi les autres nuits torrides et envoutantes qui, parait-il, sont au bas mot mille et une, dix-mille et une, cent-mille et une. Une infinité et une ! Mais si vous ne jurez que par le jour, alors, réjouissez-vous, car ce numéro nocturne de 16 pages sera en outre accompagné d'un supplément JOUR de quatre pages ! Avec, en bonus, pour le bonheur des pupilles et pour le même prix : une bichromie bleue nuit. Suite au numéro 13 et à la fusion cosmique Faucompré / Killoffer aux manettes du journal - et toujours avec Rocco aux manettes de la maquette, qu'on se rassure ! - de nouvelles recrues atterrissent sur la planète MLQ. Parmi elles Anna Haifisch, Charles Pennequin, Maïté Grandjouan, David Dufresne, Nathalie Quintane, Hector de la Vallée, Fantazio, Martes Bathori, Mrzyk & Moriceau, Baptiste Virot, etc

Le gars d'Hebdo

Les petits boloss

Poochytown

Prosélytisme & Morts-Vivants - 1e édition
Le danger avec les paris, c’est qu’on peut perdre. C’est ainsi que Lapinot et Richard se retrouvent en route pour Saint-Mouilly, 3 250 « âmes », pour y installer un temple dédié à l’athéisme, tout en développant le scénario d’une série. Ne pas être croyant, est-ce avoir la « foi en rien » ? La promesse d’un au-delà fait-elle du croyant un « mort en vie » ? Le prosélyte qui s’est laissé endoctriner n’a-t-il pas perdu une part de son humanité en abandonnant son libre arbitre ? La drogue au volant, est-ce bien raisonnable ? Rassurez-vous, dans ce troisième volume des Nouvelles aventures de Lapinot, il n’y pas que des questions existentielles. Ce road movie échevelé, contient aussi une forte dose de sangria, de bâtiments insalubres, de caca, de blagues de bite, d’applis, de bastons, d’odeurs douteuses, et d’une multitude de choses absurdes et drôles, ce fameux cocktail auquel Lewis Trondheim nous a habitué tout en nous surprenant à chaque fois.

Entretiens avec Lewis Trondheim
Devenu l'un des auteurs emblématiques de la "nouvelle bande dessinée" , et avec plus de 160 livres à son actif, Lewis Trondheim s'est essayé à tous les genres. Il est aussi membre fondateur de l'Oubapo (Ouvroir de bande dessinée potentielle), cofondateur de l'Association, et dirige la collection "Shampooing" aux éditions Delcourt. Il a contribué à la création du SNAC BD (syndicat des auteurs de bande dessinée) et a inventé le "Fauve" devenu la mascotte du festival d'Angoulême, manifestation qui l'a couronné de son Grand Prix en 2006.
Cette carrière d'une richesse remarquable le place au carrefour de toutes les évolutions récentes de la bande dessinée. D'habitude peu enclin aux interviews et aux apparitions médiatiques, Lewis Trondheim s'est cette fois longuement entretenu avec Thierry Groensteen, théoricien et historien de la bande dessinée, et ami de longue date. Le texte qui en résulte éclaire non seulement un parcours artistique aux avant-postes de la création contemporaine, mais également une personnalité intègre, un esprit agile et inquiet, un tempérament joueur.
Ce recueil d'entretiens, illustré de nombreux documents rares ou inédits fait le bilan - provisoire - d'une carrière étonnamment féconde. Enrichi du témoignage d'une dizaine de proches de Lewis, cet ouvrage paraîtra à l'occasion de l'exposition rétrospective "Lewis Trondheim fait des histoires" présentée au musée de la Bande dessinée d'Angoulême de janvier à mai 2020.

Fifiches à gogo
Cette compilation de saynètes absurdes, nous pousse à rire de nos habitudes, nos expressions et nos clichés. Grâce aux inspirations prises de la culture populaire et de notre quotidien, dans ces dessins humoristiques, Blanche-Neige, les Vikings, nos super héros préférés mais aussi nous-mêmes sommes tournés en ridicule sous le pinceau farfelu de l'artiste.

Posada, Génie de la gravure
José Guadalupe Posada (1852-1913). Une œuvre unique, culte, un trait immédiatement reconnaissable, qui continue d’influencer les dessinateurs du monde entier. Cet ouvrage est la première monographie consacrée à l’œuvre de ce génie de la gravure – « aussi grand que Goya », disait de lui Diego Rivera – étonnamment méconnu en France. Plus de quatre cent images reproduites dans une qualité qui rend enfin grâce à leur finesse d’exécution. Les gravures proviennent d’une des plus importantes collections de son œuvre, celle de l’historien de l’art mexicain Mercurio Lopez-Casillas, qui regroupe toutes les facettes de l’extraordinaire Posada, renferme de nombreuses gravures inédites et permet d’admirer les différentes techniques du graveur.
Les inoubliables calaveras de Posada, squelettes qui rient, dansent, boivent et chantent, traduisant une conception mexicaine du rapport aux morts, sont d’une force exceptionnelle et ont bouleversé la représentation de la mort dans l’art.
Dans cet ouvrage qui dresse un panorama complet de sa production, le lecteur pourra découvrir pas à pas ses diverses périodes. Les images de Posada nous font voyager dans le Mexico des années 1900, celui des injustices politiques, de la modernisation de la ville, des crimes et des tremblements de terre, et des petits livres vendus par les colporteurs.
La Révolution, Dieu, le diable, l’enfance, la mort, la vie légère et insouciante de la haute société, la misère : aucun sujet n’aura échappé à Posada, qui a dépeint la vie et la mort avec une compassion et un humour inégalés.
Lætitia Bianchi, franco-mexicaine, a écrit un ouvrage s’adressant à un lectorat français qui ne s’en tient pas aux clichés, mais prend en compte un point de vue mexicain et les très récentes avancées de la recherche sur Posada – recherches qui ont modifié bien des points de vue erronés, le graveur étant resté longtemps méconnu du fait de sa vie humble et très discrète.
Plusieurs chefs-d’œuvre (ainsi la célèbre « Catrina », calavera que l’on reconnaît ainsi au premier regard, squelette féminin coiffée d’un luxueux chapeau, devenue une figure emblématique du Mexique) sont commentés en détail, afin d’expliquer la genèse de ces gravures.
Enfin, de nombreux textes très drôles et impertinents dans les journaux qu’illustraient les gravures de Posada sont pour la première fois traduits dans cet ouvrage qui dresse donc un panorama complet de la vie et de l’œuvre de cet extraordinaire graveur mexicain.

Les maléfiques
Nom d’une coupe menstruelle ! Par la Sainte Chlamydia ! C’est quoi ce bordel ? Depuis quand une autrice de bande dessinée peut montrer des meufs poils des jambes à l’air et seins apparents qui parlent de sodomie, comparent leurs godes et se moquent du yoga ? Toujours dans l’air du temps, et intéressée par la chose, Nine Antico nous brosse le portrait en huis-clos d’une bande de gonzesses sérieusement décomplexées, et nous agite sous le nez la vraie nature des filles, qui pour de vrai pètent, se droguent, parlent librement de leur corps et en rigolent. Le trait d’habitude vintage de Nine Antico se modernise dans Maléfiques de couleurs trash à l’image de ses héroïnes, résolument anti-girly.

Les Herbes folles
Parmi les bonnes résolutions que Lewis Trondheim a formulées devant sa bûche au Grand-Marnier le premier janvier 2018, il y avait celle-ci : faire un dessin par jour dans un petit carnet moleskine, mis en couleur à l'aquarelle par ses propres soins. Et c'est Lapinot qui est naturellement apparu sous sa plume. Homme de parole, il réalise depuis, chaque jour, une nouvelle case de ces nouvelles aventures de Lapinot, qui est rejoint par l'incontournable Richard dans une épopée échevelée dans laquelle il est question de dimensions parallèles, de nature qui reprend ses droits (et un peu plus encore), avec de l'amour et des bagarres, des phénomènes surnaturels et du vomi, de l'émotion et des coups de théâtre Ce recueil des 365 cases (on regrettera qu'il n'ait pas choisi une année bissextile) est publié au format des originaux.

Soirée d'un faune
Soirée d’un faune est un ballet dessiné contemporain en un acte sur la musique du Prélude à L'après-midi d'un faune de Claude Debussy, elle-même inspirée du poème de Stéphane Mallarmé L'Après-midi d'un faune. Debussy décrit ainsi son œuvre : « La musique de ce Prélude est une illustration très libre du beau poème de Stéphane Mallarmé. Elle ne prétend nullement à une synthèse de celui-ci. Ce sont plutôt des décors successifs à travers lesquels se meuvent les désirs et les rêves d'un faune dans la chaleur de cet après-midi. Puis, las de poursuivre la fuite peureuse des nymphes et des naïades, il se laisse aller au soleil enivrant, rempli de songes enfin réalisés, de possession totale dans l'universelle nature. »
Le ballet dessiné Soirée d’un faune se propose de dépeindre le moment qui suit cet après-midi, comme si le faune de Mallarmé avait continué sa journée en enjambant le cours des années et s’était retrouvé dans une soirée du XXIe siècle. L'œuvre symphonique de Debussy compte 110 mesures, le poème de Mallarmé est lui-même composé de 110 alexandrins et le ballet présenté ici est interprété par 110 danseurs et danseuses.

Humains - La Roya est un fleuve
La Roya est un fleuve qui prend sa source en France, au col de Tende et se jette dans la Méditerranée à Vintimille, en Italie. Durant l'été 2017, Baudoin et Troubs ont parcouru cette vallée, à la rencontre des membres du collectif "Roya Citoyenne", des gens qui, comme Cédric Herrou, viennent en aide aux migrants qui tentent de passer la frontière. Comme à leur habitude (Viva la vida, Le Goût de la terre) ils ont rempli leurs carnets de portraits et ils interrogent avec bienveillance et simplicité, la violence du monde et l'humanité qui en jaillit. Cette fois ils sont ici, dans le sud de la France, confrontés au racisme et à la solidarité, et cette question qui ne les quitte pas : "pourquoi pour moi c'est possible et pas pour un Afghan, un Soudanais, un Erythréen, un?". Préfacé par JMG Le Clézio, Humains interroge notre vivre ensemble et notre projet européen, confronté aux migrations politiques aujourd'hui et climatiques demain, et nous rappelle que ce les états qualifient de flux représente en fait de précieuses vies humaines.

Alice dans le Sussex
Nicolas Mahler poursuit ses adaptations en bande dessinée des oeuvres du patrimoine littéraire européen. Dans Alice dans le Sussex, il célèbre Lewis Carrol et H. C. Artmann (Frankenstein in Sussex, jamais traduit en français), mais aussi Mary Shelley, Jules Verne, Voltaire, Cioran... Alice suit encore le lapin blanc qui plonge cette fois-ci dans une cheminée au ras du sol dans laquelle personne ne saute jamais. Il l'entraîne dans sa nouvelle maison sous terre à la recherche d'une édition illustrée de Frankenstein dans le Sussex. Un voyage labyrinthique dans la « somptueuse maison dans le meilleur des mondes possibles » où Alice rencontre la Chenille, le Chat de Cheschire, le Chapelier fou et Frankenstein... Nicolas Mahler nous offre un collage subtil et bondissant, un condensé de textes classiques où l'économie de moyen, la ligne épurée et l'humour rencontrent la mélancolie subtile, la poésie et d'autodérision.

Persepolis Intégrale (Nouvelle Édition)
Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l'avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Traversant avec elle révolutions, guerre, deuil, exil, mais aussi apprentissage de la vie, puberté, premières amours, nous la suivrons jusqu’à son départ définitif pour la France en 1994. Paru à l’origine entre 2000 et 2004 en 4 volumes, Persepolis, est la première bande dessinée iranienne, l’autobiographie dessinée d’une orientale en exil.

Le miroir de Mowgli

Un monde un peu meilleur
Dans un parc ensoleillé, à l’heure du déjeuner, Richard et Lapinot plaisantent à propos de la mort. Une petite minute… Lapinot ? Vous avez bien lu, Lapinot est de retour !
Né en 1992 dans Lapinot et les carottes de Patagonie et tragiquement disparu en 2004 dans La Vie comme elle vient, il reprend aujourd’hui, comme si de rien n’était, le cours de ses aventures. C’est aussi son retour à L’Association, le terrier qui l’a vu naître en 1992 avec Lapinot et les carottes de Patagonie. Premier tome des Nouvelles Aventures de Lapinot (pourvu qu’il y en ait beaucoup d’autres), nous faisons, dans Un Monde un peu meilleur, la connaissance de Gaspard, affligé de l’encombrante aptitude de voir l’émanation psychique des gens qu’il croise, nous constatons que Richard, à peine remis de ses blessures, a gardé intacte la faculté de déclencher des catastrophes, que Titi, après sa chimio, a toujours le sens de la fête et que l’aura de Nadia est à la mesure de ses ambitions journalistiques.
On y utilise des applis, on est témoin de règlements de compte, on rencontre une mère toxique, on assiste à l’intervention musclée des forces de l’ordre dans un régime d’état d’urgence. Un monde un peu meilleur, c’est un monde avec Lapinot plutôt que sans, où la catastrophe qui s’annonce n’est pas aussi terrible qu’on aurait pu le craindre, où des a priori peuvent être adoucis par un échange de t-shirts. C’est une période contemporaine en perpétuelle évolution, que Lewis Trondheim continue d’interroger avec malice et dont il explore la poésie du quotidien.

Constellation
1957, un vol Paris-New-York. à bord de l'appareil qui survole l'Atlantique, un Constellation, fleuron de l'aviation civile, le hasard a placé un soi-disant représentant en insecticide et une écrivaine à l'accent russe côte à côte. La guerre froide fait rage, les deux passagers hésitent à se laisser aller à un flirt ou à céder aux suspicions de rigueur. L'heure du café voit s'en mêler un steward qui ne leur laissera pas le loisir d'en décider. Frederik Peeters livre un huis-clos aux allures de roman d'espionnage où le récit avance au gré de trois chapitres qui décrivent successivement la même scène vécue par chacun des trois personnages principaux.

Rosalie Lightning
Capharnaüm - Inachevés d'inachevé

Face B : Blue Moon

Martha et Alan
Martha et Alan, nouveau volet de la vie d’Alan Ingram Cope, nous replonge dans son enfance. Avec cet aparté, Emmanuel Guibert s’attache à un épisode tout particulier de ses jeunes années, celui d’une amitié qu’il noue dès l’âge de 5 ans avec une petite fille de son école, Martha Marshall.
Entre les jeux, les bêtises d’enfants et les rendez-vous hebdomadaires dans l’église presbytérienne de sa communauté, on retrouve Alan, bientôt orphelin, et son quotidien de petit Californien dans une Amérique des années 1930 marquées par la Grande Dépression. Les années passant, Martha, figure qui a accompagné sa prime jeunesse, s’éloigne peu à peu à l’adolescence, jusqu’à des retrouvailles furtives, la vielle du départ d’Alan pour l’armée.
Avec ces souvenirs au timbre nostalgique, Emmanuel Guibert nous fait entendre une nouvelle fois la voix d’Alan et laisse transparaître avec pudeur les regrets qui se mêlent à l’évocation de celle qui fut son premier amour. Un récit, tout en couleurs, composé d’images en double page, qui restitue une Amérique surannée grâce à un dessin plus que jamais somptueux.
Poursuivant ce qui devient petit à petit la fresque de la vie d’Alan Ingram Cope, Emmanuel Guibert rend le plus bel hommage qui soit à cet ami humble et extraordinaire qui disait « nous sommes les gens de qui nous parlons ».

Coquelicots d'Irak
Lewis Trondheim et Brigitte Findakly forment en bande dessinée comme à la ville un duo depuis de nombreuses années. Si la bibliographie pléthorique de Lewis Trondheim n’a plus de secret pour personne, celle de Brigitte Findakly, son épouse et coloriste, quoique toute aussi importante, reste moins connue. De Pif Gadget, à ses débuts, au Chat du Rabbin, des Formidables aventures de Lapinot au Retour à la terre, en passant par Ralph Azham, on lui doit la mise en couleurs d’une centaine d’albums dont certains ont été les plus marquants de ces dernières années.
Avec ce livre à quatre mains, Lewis Trondheim délaisse ses animaux anthropomorphisés et dessine de véritables êtres humains pour raconter l’histoire de celle qui partage sa vie. Née en Irak, d’un père irakien et d’une mère française à l’orée des années 1960, le livre retrace son enfance passée à Mossoul, ville du nord de l’Irak, à une époque où, bien avant l’arrivée au pouvoir de Saddam Hussein, se succèdent coups d’État et dictatures militaires. Déroulant le fil de ses souvenirs, on découvre alors une vie de famille affectée par les aberrations de la dictature et leurs répercussions sur la vie quotidienne, jusqu’à l’inéluctable exil vers la France au début des années 1970. Une arrivée en France elle aussi difficile, une expérience migratoire faite de difficultés administratives, sociales et culturelles.
Dans ce récit qui prend pour toile de fond une triste actualité, Lewis Trondheim et Brigitte Findakly brossent en saynètes percutantes et sans ambages, mais pas moins sensibles, la trajectoire singulière de la coloriste qui, pour la première fois, occupe le premier rôle dans un livre. Ponctué de photos et de parenthèses sur les coutumes, la culture irakienne et les souvenirs de Brigitte Findakly, on partage avec elle, la nostalgie de ceux qui ont laissé derrière eux leur pays d’origine, et les liens fugaces qui subsistent. À l’image des coquelicots qui fanent si vite.

Au travail T.2

Highbone theater

Mister Morgen
Premier livre en France de cet étonnant auteur croate : Igor Hofbauer. Repéré il y a déjà quelques années, il aura fallu être patient mais ça valait le coup d’attendre !
En présence de Mister Morgen, on sent que l’on se trouve face à ce genre de livre impérieux, nécessaire et rare dans lequel l’auteur veut se projeter intégralement, charger la barque au maximum, tout dire.
Dans un univers nocturne, glacé, pollué, finissant, malade, peuplé d’êtres déchus, corrompus, de mutants, de zombies, de l’auteur lui-même... et de Staline, une suite de courts récits dans lesquels le plus inquiétant réside dans les non-dits et les flous savamment distillés, sans sacrifier à la clarté, la cohérence et la limpidité.
Igor Hofbauer est aussi un affichiste accompli et les superbes compositions de ses planches en noir et rouge, entre dessin contemporain, expressionnisme, constructivisme, réalisme socialiste, comics américains ou bandes dessinées européennes, en attestent. Du cinéma noir, très noir, trempé dans un cambouis post-communiste, post-catastrophiste... post-tout.

Edmond (un portrait de Baudoin) & Éloge de l'Impuissance

Rocco et la Toison
Récit sans case, comme une plongée sans filet dans la vie, Rocco est un récit d'apprentissage.
Sans case, sauf quand l'histoire est dans l'histoire, Vanoli nous narre à la manière d'un Giotto à la fois expressionniste et chinois, les tribulations sinueuses du naïf Rocco qui, au sortir de ses études, s'en va parcourir le monde dans un moyen âge de fabliaux. Chaque page est une superbe composition articulée autour d'un chemin tortueux.
Sans jamais nous faire perdre le fil, Vanoli égare son personnage en se permettant toutes les bifurcations, tous les aller-retours, toutes les digressions, les commentaires, toutes les fantaisies topographiques et temporelles. Le Jeune Rocco se veut conteur. Il apprendra d'abord à écouter avant de raconter. Poursuivi par la peste qui nous menace tous, au long de ces histoires gigognes, de ce récit picaresque, il finira par entendre la voix de ceux qui n'ont pas la parole.
Le roman d'apprentissage d'un auteur. Du très grand Vanoli !