Bambi remodeled 6

Alors que l’empire financier de la superstar Gabba King s’écroule progressivement, Bambi a terminé sa mission. Au milieu du désastre ambiant, la jeune fille n’en a pourtant pas fini avec la redoutable Mouse. Il va falloir régler les comptes.

 Sixième et ultime volume, c’est l’heure de conclure cette incroyable et survoltée série qui signa d’une part les débuts d’Atsushi Kaneko, mais surtout son entrée dans la cour des grands, accompagné par les cris d’admiration de toute une génération de lecteurs enthousiastes, conquis par l’énergie brute de cette histoire. Comment cette cavalcade rythmée par les balles et les corps qui tombent les uns après les autres allait-elle pouvoir se terminer ?

 Odyssée chaotique, en roue libre

Durant ces 6 tomes, nous avons suivi la jeune Bambi traversant l’intrigue, de long en large, un gamin enchaîné sous le bras, son gros calibre lesté de balles dans l’autre main, canardant tous ceux qui avaient l’outrecuidance de simplement lui adresser la parole, non mais c’est vrai quoi. On ne pouvait que tomber sous le charme de cette créature mal dégrossie, au regard boudeur, refusant tout compromis, mais surtout que rien ne pouvait freiner dans sa longue fuite pour ramener le mioche à ses étranges commanditaires, tout en étant poursuivie par tous les cinglés armés du pays.

On sentait bien qu’à la base, l’idée c’était d’avoir une héroïne qui n’en était pas vraiment une, hyper borderline, armée et redoutable, qui affrontait le monde sans baisser les yeux. Petit à petit, Kaneko a étoffé son concept, lui a rajouté du background, d’autres personnages tout aussi tordus. Il construisait son univers, son empreinte, son style.

La démarche est malgré tout bien plus dans le geste, dans l’énergie qui se dégage des pages, des scènes où la blonde affronte le monde entier et sème la ruine autour d’elle, l'univers est complètement retourné par cette furie sans foi ni loi, dans un étrange western punk, ambiance over tout.

On glisse dans un récit hors norme aux antipodes de ce que l’on connaissait jusque-là. Fascinante démonstration d'une écriture jouissive, en roue libre, ou tout est possible.

© IMHO

Premiers jalons, premières expériences

Si par la suite, Kaneko s’est montré beaucoup plus précis, plus cérébral même dans ses constructions narratives, avec Bambi, il laissait libre court à ses envies du moment, liant ses diverses inspirations, BD, ciné et musicales dans une sorte de pétillante mise en bouche.  Devant nous se construit alors l’éblouissante expression d’un style, d’un univers dans tous ses excès, bancal comme il faut, mais incroyablement fascinant dans ses anfractuosités.

Kaneko expérimente, joue sur le rythme de sa narration, sur les codes, surprend par son audace et cette volonté de ne pas se plier aux tendances des mangas modernes. Il veut trouver son écriture, sa personnalité et un trait inimitable.

Quelle réussite flamboyante

En attendant le volume 0 qui devrait revenir sur la jeunesse de Bambi, s'achève ici l'une des plus belles redécouvertes du moment. Une version « remodeled » accompagnée par une passionnante interview de l’auteur qui donne plus que jamais envie de relire, encore et encore du Kaneko. Je vous encourage d’ailleurs à vous pencher sur Evol, sa nouvelle série qui vient de commencer chez Delcourt !