Short Peace

Yogo Kobayashi a pris le manga de foot par les cornes mais comme tout mangaka qui bouillonne, ne peut pas s'arreter là.

Musique, cinéma, peinture... En marge des premiers émois amoureux scolaires se dessinent bien souvent les premières passions de toute une vie. Difficile d'émettre une surprise marquée à la lecture d'un nouvel opus dédié à un club scolaire totalement dévoué à son art naissant, qui plus est porté par des personnalités divergentes qui embrassent leur bizarrerie à pleines mains pour mieux intensifier leur vision du monde et de leur média. Short piece, cependant, fait vraiment bien les choses.

Tir au flan/but

Sous prétexte de la dèche la plus totale et de la débrouillardise la plus absolue, Short piece égraine agréablement les leçons de tournages et les techniques fondamentales. L'album se penche aussi sur les notions de compromissions arbitraires liées aux obligations capitalistes et sur l'absence de concession de toute passion digne de ce nom, à la fois dans un environnement amateur mais aussi lorsque l'artiste est en passe de se retrouver écrasé par sa propre industrie. L'équipe du club de ciné, en se démènant pour fournir les meilleurs films possibles à son échelle, agit comme révélateur du talent dormant de leurs commanditaires ou de leurs camarades, souvent enfoui sous d'étouffantes couches de contraintes qui les tuent à petit feu. L'auteur traite au passage les sentiments de ses personnages avec une grande franchise. La majorité des chapitres de cette courte série furent dessinés pour son propre plaisir, en concurrence avec son grand succès footballistique Ao Ashi, et ne démèritent pas un seul instant.