Pour sa seconde salve de titres labellisés Le Renard Doré, Rue de Sèvres continue de proposer des volumes atypiques qui prônent la générosité, l’écoute et le partage. Miyako Miiya nous emporte dans les mille et une histoires d’un moment racontées à une fillette, le soir, à la lueur d’une bougie.
Au sommaire de ce très beau volume, treize petits contes, parfois brefs, parfois plus amples, qui nous immergent dans un univers pétri de fantastique, de dragons, d’elfes qui n’en sont peut-être pas, d’anges qui se prennent pour des canards, de héros, ou simplement de livreurs qui font leur boulot, au mépris du temps et des paysages qu’ils sont obligés de traverser.
Il y a bien longtemps, dans un lointain royaume…
L’idée ici n’est pas de se cantonner aux archétypes maintes fois servis, réchauffés à l’excès, mais de nous faire revenir à l’essentiel de ce qui nous mène, l’émotion, la simplicité, le besoin de rêver à autre chose que des modèles de récits prémâchés. Miyako Miiya nous amène à prendre une pause pour apprécier quelques petites épiphanies qui nous séduisent par ce qu’elles révèlent de doux, de profond, de… futile aussi. Comme cette histoire avec ce petit chevalier fatigué qui croise une vieille géante qui le réconforte et lui demande de se reposer.

Contes fabuleux de la nuit © Rue de Sèvres
Si l’on s’éloigne des attentes du grand public avec cette collection, c’est peut-être pour davantage développer un vrai esprit atypique qui mise bien plus sur la profondeur d’une découverte surprenante dont il ne faut, finalement, rien attendre de plus que cet agréable bien-être quand on se laisse porter en écoutant une histoire. Peut-être un chuchotement, peut-être un sourire deviné dans une légère inflexion ou encore le silence d’une fin qui se laisse imaginer tandis que l’on s’endort tranquillement.
… Un livre, la voix d’une conteuse…
J’ai, pour ma part, beaucoup aimé cette lecture et les sensations qu’elle a permis de ramener. On garde l’impression d’une balade où sont évoquées des bribes de récits, comme les souvenirs inconscients d’un univers onirique persistant.
Ces pages m’ont fait penser aux courts chapitres de la série Minuscule et à cet esprit reposant et bienveillant.
Et si ce titre ne satisfait, en effet, pas les amateurs de shonen, de grandes épopées bellicistes, il propose une aventure peut-être plus immersive qui ne peut se terminer que par…