Inspirée de la vie de Otama Kiyohara (18611939), Keiko Ichiguchi nous fait découvrir une histoire qui n'est pas sans rappeler son propre parcours entre deux mondes lointains : le Japon et l'Italie. Première femme peintre japonaise de style occidental et la première femme japonaise à avoir posé comme modèle pour un artiste occidental, Otama a vécu la "Belle Epoque" à Palerme vers la fin du 19ème siècle. Puis, complètement oubliée par les Japonais pendant plus de 50 ans, Otama rentre au Japon en 1933 à l'âge de 73 ans. Son pays natal a bien changé. Nous sommes au début février 1936, un coup d'Etat se prépare...

La vie d'Otama

Andrea Accardi, Keiko Ichiguchi, Claudia Migliaccio, Eric Montésinos
Éditeur : Kana
Auteur : Andrea Accardi, Keiko IchiguchiTraducteur : Claudia Migliaccio
Adaptateur : Eric Montésinos
Collection : Made in
Genres : Manga, Seinen
Prix : 15.50€
- ZOO
4.0
Scénario
4.0
Dessin
5.0
- Lecteurs0 critique
Le synopsis du manga La vie d'Otama
La critique ZOO sur l'album La vie d'Otama

Dans le Tokyo des années 30, une vieille femme raconte le destin hors normes qu’elle eut au contact d’un artiste italien qui lui permit de se révéler. Une vie guidée par l’amour et par l’art, racontée avec humanité sous la délicate plume d’Andrea Accardi.
Voilà une jolie histoire que nous propose Kana. Peut-on parler de manga italien ? La scénariste est japonaise : Keiko Ichiguchi, autrice de Les cerisiers fleurissent malgré tout. Ici, il a confié le dessin à l'Italien Andrea Accardi, au trait d'une grande finesse.
L'alliance est à la fois surprenante et réussie : on retrouve bien la caractérisation des personnages propre aux mangas, tel le grand frère excessif et protecteur, mais avec un traitement graphique aux accents occidentaux, avec une lecture de gauche à droite qui plus est.

La vie d’Otama © 2024 Keiko Ichiguchi – Andrea Accardi – KANA (Dargaud-Lombard)
Otama a un destin atypique pour une femme japonaise née au milieu du XIXè siècle. Elle choisit elle-même l'homme qui deviendra son mari, un artiste italien dont elle fait la connaissance à 17 ans à peine. Ce n'est pas la différence d'âge qui fera sourciller ses parents, mais le fait qu'il ne soit pas japonais et qu'elle veuille le suivre à Palerme quand il est contraint de quitter le Japon.
Les auteurs nous racontent la vie en Sicile qui s'ensuit, les difficultés d'intégration pour Otama et les succès que le couple rencontre pour faire connaître et apprécier l'art japonais aux Italiens.
Le piquant qui donne du relief à l'histoire vient de la vie en 1936 d'Otama, revenue veuve et âgée au Japon. Elle transmet à Atsushi, un garçonnet vivant dans un milieu modeste, son amour du destin. Même si elle n'est pas la féministe qu'aurait aimé découvrir une journaliste qui vient l'interviewer (Otama déclare avoir toujours agi par amour pour son mari), son altruisme et son amour de l'art la poussent à lutter contre les carcans familiaux qui empêchent chacun de se donner les moyens de ses ambitions, que l'on soit une femme... ou un enfant pauvre.
Les auteurs en profitent pour parler d'un épisode peu connu en Europe : la tentative de putsch en 1936 d'un groupe de lieutenants de l'armée japonaise. Le frère d’Atsushi fait partie des comploteurs.
Une lecture charmante, qui fait du bien, excellemment dessinée.
