Nous sommes dans une cité HLM vieillissante. Autrefois « Ville nouvelle » dynamique, cet endroit ne compte aujourd’hui plus que des personnes âgées isolées et leurs chats. Avec pour seule perspective une fin de vie dans la solitude…?
Née en 1946 dans le département de Shizuoka, Nazuna Saitô a d’abord été illustratrice avant de faire ses débuts de mangaka à l’âge de 40 ans. Souvent inspirées de sa propre vie, ses histoires, dans lesquelles elle n’hésite pas à se mettre en scène, dépeignent le quotidien des gens ordinaires, sans chercher à enjoliver ni noircir la réalité. Elles se concluent souvent par une réflexion sur le sens de la vie. Son trait réaliste se rapproche de celui de Yoshiharu Tsuge, et l’on sent chez elle un grand sens de l’observation, un talent pour la mise en scène ainsi qu’une pointe d’humour et d’autodérision.
La résidence où l'on meurt en silence
Laurent Lemercier, Nazuna Saitō
Éditeur : Le Lézard Noir
Dessin : Nazuna SaitōAuteur : Nazuna SaitōTraducteur : Laurent Lemercier
Genres : Manga, Seinen
Prix : 16.00€
- ZOO5.0
Scénario
5.0Dessin
5.0 - Lecteurs0 critique
Le synopsis du manga La résidence où l'on meurt en silence
Mourir peut attendre
Tout est dit dans le titre. La Résidence où l’on meurt en silence est un manga fort sur la fin de vie et la solitude des personnes âgées. Drôle et tragique, une lecture indispensable.
« Parfois, je me demande comment tous ces gens ont traversé l’existence avant de venir finir leur vie ici… ? » Une mangaka de 76 ans s’installe dans un complexe d’appartements construit pendant la période de croissance économique du Japon.Désormais, seules des personnes âgées y vivent avec leurs chats, attendant que la faucheuse vienne les cueillir, au réveil, un beau matin. Avec deux de ses voisines-copines, notre héroïne raconte le quotidien de cette résidence, entre potins et aventures, car « quand on vieillit, les distances sociales se réduisent et on se retrouve à raconter sa vie à de parfaits inconnus ».
La Résidence où l'on meurt en silence © Le Lézard Noir
We’ll be ghosts again
Prépublié dans le magazine Big Comic Original Zôkan au Japon, La Résidence où l’on meurt en silence n’avait pas encore été publié en France. Heureusement : Le Lézard Noir y remédie !
Nazuna Saito a fait ses débuts dans le manga sur le tard, à 40 ans, avec Dahlia. Peu connue du public français, elle a pourtant remporté le prix Excellence Award in the Manga Division of Japan Media Arts Festival pour son recueil de nouvelles Au tomber du soleil (l’une d’entre elles est le premier chapitre de La Résidence où l’on meurt en silence).
Ici, elle signe un témoignage inspiré de sa propre vie de personne seule vieillissante. Son récit semi-autobiographique met en lumière des destins ordinaires, dont elle parvient toujours à tirer une réflexion sur l’existence. Sans pathos, elle montre avec sensibilité la peur de la mort, les regrets et les souvenirs qu’elle entraîne dans son sillage. Sans oublier cette pointe de détachement cynique, d’humour corrosif, qu’ont certaines personnes âgées à propos de leur propre trépas.
La Résidence où l'on meurt en silence © Le Lézard Noir
« Il est bien ton déambulateur ! Il vient d’où ? »
Les habitants de La Résidence où l’on meurt en silence sont des retraités désargentés qui vivent et meurent seuls. Nazuna Saito raconte leurs affres avec Alzheimer, leur précarité, mais aussi les petits bonheurs de leur vie de quartier, les petits surnoms donnés aux uns et aux autres (Miss Mandchourail, Papy Facebook, Papy-boomer en jeans), tous les moments partagés…
Le dessin s’appuie sur des visages caricaturaux et très expressifs. Illustratrice et professeur de dessin à l’université Seika de Kyoto, Nazuna Saito a une identité graphique propre qui, comme son scénario, fait la part belle aux personnages et à leur fragile humanité. Le manga de cette rentrée littéraire.