Plus d’un an après la sortie de son premier volume, Beast Complex, série anthologique par l’autrice et dans l’univers de Beastars, est de retour avec six nouvelles histoires courtes. L’occasion d’explorer autant de tensions inhérentes à la cohabitation entre espèces que Paru Itagaki n’a pas eu l’opportunité de faire intervenir dans sa série principale…
Afin d’inscrire ce spin-off comme un prolongement cohérent de l’univers de sa série principale, la mangaka axe chacune de ses nouvelles sur l’un des locataires de la résidence Fukuju, personnages très secondaires de Beastars. Si sa série longue, qui compte malgré tout parmi les plus beaux mangas de ces dernières années, connaissait à mon sens quelques égarements narratifs, force est de constater que le format court sied à merveille à l’autrice et lui permet de concentrer son savoir-faire dramaturgique sur des instants de confrontation, dans lesquels elle excelle.
Beast Complex, Tome 2
©Ki-oon, 2022
Du fait de la diversité des enjeux qu’ils explorent et de l’éventail de tonalités complexes qui les traversent, les chapitres s’enchaînent sans se ressembler. Nul doute que chacun aura ses préférés, selon sa sensibilité. « Le Porc et le paon », qui ouvre le recueil, séduit d’emblée par son exploration ambiguë de la thématique de la taxidermie, à la fois morbide et sensuelle. En y multipliant les métaphores graphiques et en jouant sur la corpulence et l’expressivité qu’elle insuffle brillamment à ses personnages, l’autrice densifie son propos et alourdit son atmosphère, conduisant son récit aux frontières de l’horreur. La nouvelle qui suit, « Le shiba et le shiba », est bien plus légère, mobilisant, comme beaucoup de nouvelles du recueil, une problématique structurante dans l’œuvre de Paru Itagaki, celle de l’apparence en tant qu’elle module l’existence en société, ce que l’on renvoie aux autres et ce qui est attendu de nous. La bonne surprise, c’est que l’autrice parvient toujours à trouver de nouveaux angles narratifs et esthétiques pour approcher les enjeux qui l’obsèdent, sans jamais sembler redondante.
Le dernier chapitre, « Le Loup et la lapine », met en scène Legoshi et Haru, les protagonistes de Beastars. Relativement anecdotiques, ces quelques pages viennent caresser le lecteur dans le sens du poil, satisfait de refermer le volume en ayant pu revoir (une dernière fois ?) les
personnages qu’il a tant aimé suivre.
Ce second volume tant attendu confirme que, loin d’être un simple spin-off écrit pour capitaliser facilement sur le succès de Beastars, Beast Complex reprend les plus grandes qualités de sa série-mère pour proposer des histoires courtes captivantes à suivre et intéressantes en ellesmêmes.