Boichi SF short stories - T1 : Les Voyageurs de l'espace-temps

Les Voyageurs de l'espace-temps est le premier volet du diptyque de nouvelles SF de Boichi compilées par Glénat. Au rendez-vous : voyages spatiaux, IA sauveuse et fin du monde !

Louis est une IA chargée de la sécurité de l’hôtel « immergé dans le vent qui ne s’arrête jamais ». Un hôtel pas comme les autres puisqu’il abrite l’ADN de tous les organismes vivants terriens, à l’exception de l’homme. Cette tour a été érigée alors que la mer et les températures montaient dangereusement, menaçant la survie de l’humanité. Le Docteur Dokins avait alors proposé d’envoyer une arche dans une autre galaxie avec l’ADN de notre espèce. L’hôtel de Louis avait été construit au même moment en Antarctique. Pendant 3 000 ans, la pauvre IA condamnée à la fidélité par ses maîtres mortels s’est battue pour la survie de l’hôtel. Mais sa fin approche, et avec elle celle de l’espoir de voir renaître la Terre…

Jun Shiozaki, l’Odyssée du thon

Le mangaka sud-coréen Boichi est connu pour Sun-Ken Rock et Dr Stonemais aussi pour ses écrits SF. Glénat publie avec Boichi short storiesplusieurs de ses nouvelles. Le premier opus comporte huit histoires, parues entre 1997 et 2019, dans Morning, Young magazine ou encore Wink. Par ailleurs, La tête dans le ciel, les pieds sur terre (2019) fait directement référence à Origin, autre série à succès de l’auteur, mais peut être lue indépendamment.

Chaque histoire fait écho au thème de prédilection du mangaka : les gens qui persévèrent toute leur vie pour accomplir leur dessein. Dans Hotel – since A.D. 2079 (2006), Louis défend sa tour ; dans Rien que pour les thons (2008), Jun Shiozaki cherche éperdument à faire revivre l’espèce éteinte des thons... Autre caractéristique de Boichi : les références scientifiques. Plusieurs de ses personnages sont des génies, des scientifiques ou des robots omniscients, capables de prouesses techniques et spatiales mais aussi de pertinents exposés sur le changement climatique. L’Homme est souvent face à sa propre fin.

Dans les récits de Boichi " L’Homme est souvent face à sa propre fin. " © Glénat, 2025 - Boichi

Wall-E / Hôtel-Louis

Les nouvelles possèdent presque toujours une chute, mais aussi plusieurs rebondissements ou sauts dans le temps. L’auteur parvient à osciller entre humour et drame, cruauté et poésie (mention toute spéciale pour la merveille qu’est La légende de la nuit). Boichi nous fait même éprouver de l’empathie pour une IA chargée d’entretenir une tour au milieu d’une Terre ravagée. Toutefois, certaines histoires ont mal vieilli : Present (2007) a un léger relent incestueux et Diadem une hypersexualisation d’une enfant de 14 ans.

Dans cette édition, quelques planches sont mises en couleurs et des dessins additionnels sont présentés. De 1997 à 2019, on mesure la progression dans le dessin de Boichi. Ses paysages sont magnifiques, ses personnages d’une grande expressivité et ses mises en scène puissantes.

Le deuxième volet du dyptique, Les Soldats sans nom, est prévu pour le 4 juin. Patience !

Article publié dans le Mag ZOO Manga N°18 Mars-Avril 2025