La future Duchesse de Bretagne porte l’épée et se bat comme un homme ? La chevalière Andrée Le Bleau n’a que faire de son noble mariage à venir : elle est animée d’une soif de vengeance inextinguible…
© BRETAGNE HANAYOME IBUN
© Junji Takehara/TOKUMA SHOTEN PUBLISHING CO., LTD.
Dans le Nantes du XIIIe siècle, le jeune héraut Thomas est en mission. Son maître Messire Raoul de Dinan l’a chargé de trouver la fiancée du futur Duc de Bretagne. Pour mener à bien sa quête, le jeune homme doit rencontrer le père de la future promise : le chevalier André Le Bleau. Mais rien ne se passe comme prévu. Le chevalier a été assassiné dans de mystérieuses circonstances. Et sa fille, Andrée, (la future duchesse) a décidé de le venger coûte que coûte. Pour cela, elle s’est coupé les cheveux et porte désormais le nom et l’armure de son père. Afin de ne pas attirer l’attention et de ne pas contrarier les plans du Duc, l’excellente bretteuse et le jeune messager n’ont d’autre choix que de s’allier afin de démasquer au plus vite les meurtriers…
À l’Aise Breizh
Le Japon et la France médiévale : une grande histoire d’amour. Dans les années 70-80, le Moyen Âge européen est devenu une source de fantasme artistique pour toute une génération de créateurs japonais. On ne compte plus les œuvres d’animation ou manga racontant l’histoire de Jeanne d’Arc… Probablement bercé par cet imaginaire, Junji Takehara a choisi d’entraîner ses lecteurs dans la Bretagne du xiiie siècle pour sa toute première série. Prépublié au Japon depuis 2022 sur le site Comic Ryû Web des éditions Tokuma Shoten, Les Chroniques de la mariée de Bretagne compte actuellement 3 tomes en version originale.
Des racines et des triskèles
Si 10 000 km séparent Paris de Tokyo, il n’en paraît rien au vu du travail de documentation de Junji Takehara qui s’est renseigné sur l’héraldique (l’étude des blasons), sur les tenues et l’architecture de l’époque, sur le patois breton… Le tout participe à l’installation d’un cadre historique crédible pour les aventures d’Andrée et Thomas.
New Lady Oscar
Le personnage de la femme en armure, le jeu sur l’androgynie et le travestissement, bien que vus et revus, fonctionnent ici parfaitement. Andrée n’est pas simplement une autre bimbo en armure moulante. La jeune femme, musclée et taiseuse, est animée par une soif de vengeance irréfléchie. Mettant à mal les habituels stéréotypes de genre, Junji Takehara n’hésite pas à faire de son personnage une « Andrée », dérivé féminisé de la racine grecque d’homme (andros). Si la dynamique du duo présage d’ores et déjà une romance, elle n’est pourtant pas cliché. Avec Les Chroniques de la mariée de Bretagne, un vent frais souffle sur l’Armorique.
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