Crayon Shin-chan - T1

Troisième round pour Shin-chan dont l’adorable petite bouille réapparaît cette fois chez Mangetsu, un éditeur toujours actif là où on ne l’attend pas.

L’éditeur ne manque d’ailleurs pas de courage. Après la surprenante publication de Chibi Maruko-chan, il tente la reprise d’un autre bambin facétieux au style old-school. Le risque est cette fois d’autant plus grand que l’interminable série fut déjà par deux fois abandonnée. La démarche est fort louable tant Crayon Shin-chan est cultissime au Japon. La série apparaît en effet dans le top 10 des séries les plus vendues aux cotés de Naruto, Dragon ball et Slam dunk. Ses références culturelles marquées et son dépouillement visuel en font une œuvre plus difficile à appréhender au premier coup d’œil, mais elle s’avère rapidement universelle et intemporelle à la lecture.

Mama may cry

Irrévérencieux et polisson, Shin-chan enchaîne les bêtises de son âge. Il se balade cul nu, n’écoute pas sa mère et se trompe dans les courses. Il répond avec impertinence et maintient cette belle habitude d’utiliser les affaires d’autrui à tort et à travers. Même en dehors du foyer, il provoque le chaos en faisant tourner en bourrique les adultes avec sa logique bien rodée, quoi que terriblement personnelle. En soit, Shin-chan est royalement insupportable mais jouit du bénéfice fabuleux de ne pas être notre propre enfant. Nous pouvons ainsi profiter de ses péripéties sans frustration aucune et nous abreuver de ses âneries sans en payer les conséquences. Un condensé de " Schadenfreude " (cette joie malsaine que l’on ressent face aux malheurs des autres) déculpabilisé, en somme, qui devrait joyeusement durer une palanquée de tomes.

" Irrévérencieux et polisson, Shin-chan enchaîne les bêtises de son âge. " © Mangetsu, 2025 - Yoshito Usui

Article publié dans le Mag ZOO Manga N°18 Mars-Avril 2025