District de Fukushima, 1 mois et demi après l’explosion de la centrale. La vie tente de reprendre son cours. Le quotidien de Fumi et de ses amies lycéennes, coincées entre leur statut de victimes courageuses et loi du silence permet de décrire intelligemment la crise profonde que traverse une bonne partie du Japon.
Pour l’imaginaire occidental, ce fut un tsunami, une centrale éventrée puis des secours qui s’affairent au milieu de répliques sismiques, des débris par milliers puis l’oubli médiatique. Pour les habitants de la région de Fukushima, la catastrophe nucléaire n’était que le début d’une vie vacillante, parsemée de questions : partir ou rester, soutenir l’agriculture locale ou appliquer le principe de précaution, laisser les enfants sortir ou non…
L’après-catastrophe, avec sa vie difficile à reprendre et des familles déchirées, est abordé simplement par le quotidien d’un groupe d’adolescentes. De grandes peines en petites joies, quatre filles dresseront un tableau de leur avenir. En tant que fille d’agriculteur, bénévole, riche bourgeoise ou tête de classe, chacune abordera le futur d’un regard différent et cherchera le rôle qu’elle aura à y jouer.
A travers ce manga, on mesure soudainement les nombreuses implications à l’échelle humaine d’une explosion nucléaire. Grâce au franc-parler qu’elle donne à ses personnages, Reiko Momochi met en lumière l’hypocrisie des messages de soutien, la peur omniprésente et le statut des habitants des zones sinistrées, considérés à la fois comme des victimes et des contaminants potentiels.
Les sentiments exacerbés des ados donnent à voir la palette d’émotions à laquelle expose l’après-catastrophe. Les visages changeants et la beauté de ce paysage malgré sa radioactivité ressortent grâce à un trait descriptif et harmonieux. Même si la mise en page reste celle d’un shojo traditionnel, elle sert élégamment un récit où les larmes, l’amitié et la pudeur ont leur juste place.
Ce témoignage se lit d’une traite, ému.