A peine commencé, Dandadan de Yukinobu Tatsu s’annonce comme la nouvelle comète du Jump. Banco ! Dandadan se classe 9ème au top Oricon dès la sortie de son premier tome en août 2021. Exploit non réalisé ni par Jujutsu Kaisen ni par Chainsaw man. Alors quelle est la recette de ce manga-comète qui vient de débarquer en France ?
Momo Ayase et Ken Takakura n’ont rien en commun. Elle est populaire, électrique, un peu naïve et volontaire. Il est timide, maladroit, c’est le souffre-douleur de sa classe et se laisse parfaitement marcher dessus.
Son truc à lui, c’est l’occulte. Barak Obama serait déjà aller sur Mars, les reptiliens, les aliens et tout le bazar. La seule bizarrerie à laquelle il ne croit pas, ce sont les esprits. Manque de pot, son truc à elle, c’est qu’elle est la petite-fille d’une médium. Alors les esprits, les yokaï et compagnie, elle baigne dedans depuis qu’elle est enfant.
Lors d’un concours de circonstance un peu loufoque, Momo et Ken confrontent leurs idées, se moquent l’un de l’autre et ça dégénère.
2 cases plus tard, nos deux héros se retrouvent l’un devant un tunnel soi-disant hanté, l’autre devant un hôpital désaffecté, Hot Spot des apparitions extraterrestres. Objectif : prouver à l’autre qu’il a tort.
Là, cher lecteur, gare au rêve qui se réalise !
A peine entré dans le tunnel, Ken Takakura se retrouve maudit par « Mémé Turbo » une grand-mère yokai, très perverse et très rapide. Avantageux, car cette malédiction va lui permettre de sortir Momo d’une situation tout aussi complexe : Une tentative de viol par des extraterrestres. C’est ainsi, attachée et en petite tenue, que Momo découvre ses pouvoirs spirituels.
Échange gagnant-gagnant. Avec ses nouveaux pouvoirs Momo peut aider Ken à se libérer de sa malédiction. Car non seulement Mémé Turbo possède Ken, mais elle lui a aussi ravit trois bidules fort pratique. Ses parties.
Vous avez bien lu. Ses parties, son manche à balai et ses mochis.
Rira, rira pas ?
Dandadan est une comédie d’action à l’humour particulier. Yukinobu Tatsu écrit une histoire purement humoristique grâce à une ambiance bon enfant. Décontracté même dans les moments de gravité ou les scènes d’actions survoltées. Et quand les personnages sont sérieux, c’est le contexte qui frise le ridicule.
Et la plaisanterie passe aussi par des envies pressantes, des bijoux manquants, des bananes génitales, des lolos ratatinés…. Je ne vais pas vous faire toute la liste, vous avez saisi l’idée.
Cet humour puéril, c’est un pari. S’il plaît à certains, il en fera grimacer d’autres. Car en fonction de sa propre appréciation de ce qui est drôle (on peut rire de tout mais pas avec tout le monde, paraît-il) certains pourront trouver cette comédie absurde et quelques blagues carrément hors propos.
La faute, sans doute, au contraste étonnant entre l’humour et la qualité de réalisation du récit.
Dandadan
©Crunchyroll, 2022
Le manga d’un auteur en renaissance
Un petit détail avant d’aller plus loin. Yukinobu Tatsu a écrit son premier manga en 2011, son deuxième en 2014. Seigi no Ragukô et Fire Ball publiés chez Kôdansha dans le Gekkan Shonen Magazine. Deux mangas courts, sans grand succès. Quand tout à coup, Yukinobu Tatsu devient l’un des assistants de Tatsuki Fujimotosur Fire Punch et Chainsaw Man.
La révolution peut commencer.
Dandadan excelle dans son approche de l’action. Le dynamisme de ses planches est efficace, percutant. La tension à l’instant de l’apparition du surnaturel renvoi au cinéma d’horreur, à coup de distorsion de l’image et de jump scare. Le lecteur est manipulé par le rythme de l’image. Et ça marche.
A cela ajoutons le mélange de l’absurde et de la violence (un viol et la thématique de la mort), il ne fait aucun doute que Yukinobu Tatsu a trouvé un maître en Tatsuki Fujimoto.
La somme de ce qui fonctionne
Ce talent de mise en scène et de rythmique est aussi à l’œuvre dans son approche du romantisme. Car si Momo Ayase et Ken Takakura font un très bon duo d’acolyte, Dandadan porte tous les codes de la comédie romantique. Dès la première page, à leur rencontre, jusqu’au moment où ils se cherchent sans se trouver. Scénario et jeux de mise en scène se rejoignent alors pour faire monter les émotions d’un cran et nous faire comprendre, à nous lecteur, que Dandadan est peut-être un tout petit peu plus sérieux que prévu.
Entre amour, action, horreur, science-fiction, fantasy et comédie, Dandadan fait un strike au milieu des genres. Cette nouvelle comète du Jump multiplie les avantages. Un univers excentrique porté par des caractéristiques phare (son ambiance et son humour) soutenu par un style graphique fort et une mise en scène toujours plus cinématographique.
Il ne fait nul doute que Dandadan est original. Yukinobu Tatsu revient de loin, mais ces 10 dernière années ont fait leur œuvre. Dandadan se hisse en étendard du manga mainstream avec brio.
Nota bene : les deux premiers tomes du manga ne permettent pas de distinguer une trame scénaristique répétitive. L’objectif du « premier arc » du manga n’est claire qu’à la fin du second volume. Raison pour laquelle il est difficile de se faire un avis à la simple lecture du tome 1.
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