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couverture de l'album

Série : Les Liens du sangTome : 17/17Éditeur : Ki-oon

Scénario : Shûzô OshimiDessin : Shûzô Oshimi

Collection : Twelve

Genres : Manga, Récit de vie, Seinen

Public : À partir de 16 ans

Prix : 7.95€

  • ZOO
    note Zoo4.5

    Scénario

    4.5

    Dessin

    4.5
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Le synopsis du manga

Au terme d'une longue nuit de tempête, Seiichi et Seiko sont parvenus à une sorte de paix. Chacun peut maintenant continuer sa vie de son côté... jusqu'au jour où le fils est à nouveau appelé au chevet de sa mère, rendue dépendante par un accident. Il commence par s'installer chez elle, puis l'accueille chez lui quand l'argent vient à manquer. Elle s'affaiblit de jour en jour ; lui observe consciencieusement sa déliquescence... Avec ce dernier tome des Liens du sang , Shuzo Oshimi tourne la page d'une histoire douloureuse à l'atmosphère étouffante. Découvrez la conclusion de cette relation mère-fils toxique sur laquelle pèse l'ombre de la mort...


Bon sang ne saurait mentir

Le récit d’un gâchis, le récit d’une prison mentale, le récit d’une impuissance maudite, d’un étouffement jusqu’à la mort de l’âme, ça vous tente ?

On pourrait n’avoir terriblement rien à dire sur Seiichi au début de cette histoire. Adolescent un peu coincé, on le voit surtout obéir calmement à une mère simplement un peu trop présente. Si certaines réactions laissent à penser qu’il existe un réel problème sous-jacent, la paix de leur quotidien nous enjoindrait presque à ne pas trop surinterpréter. Ce fragile équilibre se brise en une multitude de morceaux tranchants lorsque Seiko commet un acte inenvisageable lors d’une randonnée avec sa belle-famille.

Les conséquences de cet acte, qu’il vaut mieux que nous passions sous silence pour maintenir un suspens optimum, seront tellement fondamentales, puissantes et destructrices que 16 tomes plus tard, Seiichi en sera encore infiniment prisonnier.

Les Liens du sang T.17

" Les conséquences de cet acte seront tellement fondamentales, puissantes et destructrices que16 tomes plus tard, Seiichi en sera encore infiniment prisonnier " © Ki-oon, 2025 - Oshimi

Que du mauvais sang

Le récit est épuisant. Oshimi joue admirablement sur nos attentes, sur la construction lente d’une angoisse sourde et déraisonnable, sur le flou et l’indécision provoqués par l’interprétation des situations initiales. Le récit passe tout son temps au bord de la falaise. Nous savons que la chute va suivre mais quand ? Comment ? Son personnage principal, qui s’avère en réalité être Seiko, la mère, s’amuse à faire l’équilibriste tandis que nous, lecteurs, peinons à nous dépêtrer de nos sentiments conflictuels. Oshimi fait d’ailleurs montre d’un talent de narrateur incroyable en intercalant dans chaque tome une scène apte à remettre en question tout son récit et à provoquer des sueurs froides. Il parvient à rester équivoque en trichant discrètement avec la grammaire visuelle de la colère et de la peur. Cette ambiguïté donne ainsi lieu aux moments les plus crispants du récit, un monde ou non-dits et sous-entendus font la loi jusqu’à ce que l’auteur nous frappe encore en plein estomac avec une scène insoutenable de plus pour ensuite nous amadouer avec des fissures et blessures plus humaines qu’humaines.

En mettant un accent démesuré sur l’anodin, Oshimi nous désempare et le fait gonfler, atteignant des proportions inquiétantes qui s’accumulent au fil du récit jusqu’à la salvatrice explosion et la redirection de celui-ci. Loin d’être un simple récit de puberté contrariée, le manga repose sur un acte inadmissible et l’effondrement des personnages qui y ont participé à la manière d’un Crime et Châtiment étouffant.

Hémorragie intense

La série est à son paroxysme à chaque interaction maternelle, qu’elle soit réelle, crainte ou fantasmée. La fascination malsaine initiale d’une mère pour son fils, la piste de miettes de pains qui mènent à la compréhension, le monstre suintant qu’est l’amour maternel tordu. Les liens du sang essorent l’âme de ses lecteurs. L’horreur psychologique effarante du début mute en horreur sociale puis, une fois les personnages proprement éreintés, s’éteint doucement dans une tachycardie d’humanisation qui nous laisse encore une fois pantelant.

On ne peut échapper à l’emprise perverse, la co-dépendance toxique, les souvenirs méphitiques et la détestation éternelle une fois pris dans leur sillon mais peut-on espérer un droit à l’apaisement ? Près de 2,3 millions de lecteurs devront affronter la réponse à cette question dans cet ultime volume.

Les Liens du sang T.17

" On ne peut échapper à l’emprise perverse, la co-dépendance toxique, les souvenirs méphitiques et la détestation éternelle une fois pris dans leur sillon " © Ki-oon, 2025 - Oshimi

Article publié dans le Mag ZOO Manga N°17 Janvier - Février 2025

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