Retour des mystérieuses créatures cosmiques appelées Anges chez Glénat. On ressort les mecha géants avec joie, parés pour un ultime impact.
Neon Genesis Evangelion est un phénomène sidéral. Comme tel, il est difficile à observer de loin sans les bons outils. La comète que constituait la série animée originelle s’est transformée au fil du temps en constellation de reboots, remake et spinoffs parfois conceptuellement très étranges. Avec cette réédition dans un format qui lui fait honneur, on retourne honnêtement, en évinçant le fan service tardif, aux racines de cette épopée épico-intime iconique qui a bousculé pas mal de choses en son temps.
NOM NOM GENESIS
Shinji est un gamin dépressif et renfermé. Il débarque un beau matin à Tokyo-3 à la demande impérieuse de son père qu’il n’a pas vraiment vu depuis dix ans. Son tumulte intérieur est rapidement mis en sourdine quand une créature gigantesque s’en prend à la ville et qu’on lui demande de piloter un robot géant ultra-secret pour sauver la planète d’une destruction absolument immédiate. S’il n’y va pas, un autre enfant pilote souffrira à sa place, son père continuera à le traiter avec une condescendance absolument insupportable, sans compter une fin du monde qu’il ne comprend pas encore très bien, son auto-détestation ne fera qu’empirer. La base narrative est si simple qu’on en serait presque démuni et pourtant, le récit a marqué de multiples générations d’auteurs et d’autrices autant que de lecteurs et de lectrices.

©NEON - GENESIS EVANGELION ©2021 Yoshiyuki SADAMOTO / KADOKAWA CORPORATION
PETITE INTROSPECTION DES FAMILLES
À décortiquer, la saga se rapproche plus du mille-feuille. Les couches supérieures sont évidentes et assumées tandis que les plus profondes requièrent de se pencher un peu plus sur le développement de la série et de l’état émotionnel de son instigateur.
Le manga est, en immense majorité, fidèle au scénario d’origine, se concentrant sur le catalogage des multiples sources de solitudes qu’arborent les protagonistes et sur l’impact émotionnel profond de chaque révélation. La série n’est pas tant guerrière et grandiose à la façon d’un Gundam, c’est plutôt un témoignage des aliénations de ses participants. Les agressions des entités cosmiques font écho aux crevasses ressenties par les personnages. De même, les secrets derrière la catastrophe ne sont que les résultantes de ce besoin noble et purement humain de se maintenir à l’abri de la souffrance. Cette catastrophe a presque annihilé l’humanité derrière la création des EVA (fusion de chair et de métal), derrière les débris des personnalités des pilotes, derrière les ambitions et les démesures des dirigeants des différents groupes en présence. Voilà en vérité la raison de l’éternité de cette œuvre.